
BSF 2019: un concert royal pour Christine and The Queens

Mercredi, en début de soirée, tout Bruxelles déambule sous un ciel gris. La météo est capricieuse, mais pas de quoi tempérer les ardeurs d’un public éclectique, bien décidé à partager un moment privilégié avec Christine and The Queens sur la Place des Palais. En attendant, K-way et parkas multicolores déambulent entre le Mont des arts et La Madeleine, les deux autres étapes du jour. D’un lieu à l’autre, les contrastes de la programmation se dévoilent. Souvent sans transition. Ainsi, le punk celtique - sauce Dropkick Murphys - des Namurois de Krakin’ Kellys fanfaronne au Mont des arts, tandis que l’électro-pop gracieuse des Américains de Son Lux passe entre les gouttes du côté de la place Royale. Au BSF, les changements d’atmosphère sont parfois abrupts. Reste que l’ambiance demeure bon enfant. En toute circonstance. Même quand la drache nationale s’invite à la fête. Malgré une solide giboulée, le concert de Tove Lo peut d’ailleurs compter sur une belle assistance. Mouillés mais contents, les festivaliers scandent les hymnes pop et gentiment scandaleux d’une chanteuse suédoise connue pour ses refrains XXL (Cool Girl, Habits, True Disaster) et ses métaphores à connotations sexuelles. Tout ça est bien gentil, mais quasi dispensable au regard de la tempête qui va s’abattre sur la Place des Palais…
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Christine and The King
Héroïne d’une chanson française libre et décomplexée, Héloïse Letissier affirme son identité plurielle sous les dentelles électro-pop de Christine and The Queens. Ce soir, elle débarque au BSF dans le costume de la tête d’affiche. Un rôle qui lui sied à merveille. Cheveux courts, look de garçon, Christine attire tous les regards et cristallise l’attention comme personne. Entourée d’une troupe de danse contemporaine, elle entame les festivités dans un décor rêvé. Aux premières loges de sa prestation, le palais royal annonce l’absence du monarque. Pas de drapeau tricolore hissé au sommet de la bâtisse : Philippe est en vacances. Pas grave. À défaut de roi, le Brussels Summer Festival célèbre sa reine.
Spectacle total
Impeccable, la performance de Christine and The Queens est un spectacle total. Entre chorégraphies et pyrotechnies, solo de guitare et néons fluorescents, la chanteuse survole les (d)ébats. Complexe, androgyne, écorchée et mélancolique à la fois, la Française virevolte, sublimant ses émotions dans des chansons athlétiques et sensibles – car, chez elle, les deux sont possibles. Figure transgenre de plus en plus assumée, Christine brise les stéréotypes sexuels. Des morceaux comme Damn, dis-moi, iT ou 5 Dols bousculent les codes de la société paternaliste : Christine chante un monde privé de sexe faible et c’est très très fort. Au-delà des tubes (Christine, Saint Claude), la prestation se distingue par sa maîtrise. Ici, tout est en place. Absolument rien n’échappe à la méticuleuse Héloïse Letissier. Consciente de jongler avec les clichés du funk et de la pop, la chanteuse multiplie les clins d’œil, les références à l’histoire et au mythe (écorné) de Michael Jackson. Alors que la pluie s’arrête, le concert touche à sa fin. Christine rassemble les siens et salue une dernière fois son public. Rincé et satisfait : les deux mots-clés de la soirée.