
Gentleman Jack : Femmes, je vous aime

Les livres d’histoire se sont tellement focalisés sur les hommes que des milliers de femmes en ont été oubliées. Parmi elles, Anne Lister, aventurière avant-gardiste, ouvertement lesbienne et revendiquant son indépendance. Sa vie intrépide est relatée dans de nombreux journaux intimes à moitié écrits en langage codé et retranscrits par Helena Whitbread sous le titre I Know My Own Heart: The Diaries Of Ann Lister, 1791-1840. Depuis quinze ans, la réalisatrice Sally Wainwright (Happy Valley) ne perd pas de vue l’idée de mettre en images la vie de cette femme en avance sur son temps. Elle accouche enfin cette année de Gentleman Jack, série à la mise en scène surprenante (l’héroïne, Suranne Jones, franchit le troisième mur en s’adressant à la caméra façon Fleabag) avec un phrasé loin des romans de Jane Austen.
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“Ses journaux sont crus, proches du langage parlé. J’ai longtemps cru que tout le monde, à l’époque, parlait comme chez Austen. Ses textes prouvent le contraire”, explique Wainwright. S’il a fallu autant de temps à la scénariste pour réaliser sa série, c’est parce qu’il fallait attendre que les mentalités changent. “La société tout entière s’est détendue sur les questions de genre et de sexualité”, confie-t-elle. Déjà renouvelé pour une deuxième saison, Gentleman Jack est un biopic rafraîchissant qui donne une autre vision de ce que pouvait être la vie d’une femme au XIXe siècle.