
Alain Souchon emballe Forest National

Jeans bleu, chemise blanche, guitare à la main et sourire en coin: Alain Souchon monte sur la scène de Forest National comme si de rien n’était. De retour sur scène pour défendre les couleurs de son quinzième album studio, le très beau "Âme fifties", le chanteur met d’emblée Bruxelles en confiance. D’entrée de jeu, il sort de jolies cartes: Allo maman bobo, la Ballade de Jim et surtout, Le baiser, morceau parfait dont les couplets mentionnent le vent de Belgique. Il n’en faut pas plus pour provoquer la clameur du public et lancer son concert dans les meilleures conditions. Alain Souchon en profite pour présenter ses quatre musiciens et introduire Âme fifties, la plage titulaire de son nouveau disque.
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Forme olympique
Loin des effets pyrotechniques et autres décors mégalomanes, la scénographie de ce vendredi soir est à l’image du bonhomme: pas tape-à-l’œil pour un sou, mais d’une élégante simplicité. Les jeux de lumières appuient justement les chansons et soulignent parfaitement la silhouette longiligne de l’artiste. Toujours en train de sautiller, de taper dans les mains, de gesticuler, ce dernier tient d’ailleurs une forme olympique. À 75 ans, Alain Souchon chante toute sa mélancolie d’une voix inusable, unique, incomparable. À ses côtés, le groupe assure sans subterfuge ni bande pré-enregistrée : tous les morceaux sont joués dans le feu de l’action, à fond, sans temps-mort.
Compagnon de route
C’est que le menu du soir est copieux. En marge des nouveaux Ici et là ou Presque – joué en compagnie de Pierre, le fiston –, Souchon déballe sa panoplie de tubes : Ultra moderne solitude, L’amour à la machine, Rame, Foule sentimentale, Papa mambo ou C’est déjà ça, un titre de 1993 qui, à l’heure des crises migratoires, sonne encore plus juste qu’autrefois... Comme le bon vin, Alain Souchon vieillit bien. Subtilement engagé, il chante les affres du libéralisme avec ses mots, sa poésie. Surtout, il célèbre la beauté des lieux communs. Sous son chant, campagne, grands magasins et objets du quotidien se parent d’un étrange éclat, à la fois simple et romantique. Le succès d’Alain Souchon tient à ce rapport au monde, à cette connexion aux gens. Le public de Forest National connaît cet homme depuis toujours. Il est ce compagnon de route qui chante les hauts et les bas de nos vies ordinaires. À première vue, ce n’est pas grand-chose. En concert, pourtant, c’est spectaculaire.
Alain Souchon sera de retour en Belgique le 14 mai au Wex, à Marche-en-Famenne, et le 24 novembre à Forest National. Deux chances supplémentaires d’applaudir une figure majeure de la chanson française.
Photos: Benoît Bouchez