
10 séries israéliennes à voir absolument

L’actu des séries ce mois-ci c’est quoi? La saison 8 d’Homeland. La diffusion d’Euphoria (bientôt, sur BeTV). A priori, entre le drame d’espionnage et les aventures rock’n’drogue d’une ado américaine, on voit mal le rapport, si ce n’est qu’on est tenus en haleine à chaque épisode. Pourtant, il y en a un. Toutes les deux sont issues d’idées et de productions israéliennes. Elles ne sont pas les seules. On peut parler d’âge d’or des séries là-bas. C’est ce que raconte le journaliste ultra-expert Olivier Joyard dans son documentaire, Israël, terre de séries (à voir absolument). Aujourd’hui, d’ailleurs, on ne se contente plus d’adapter leurs idées. On diffuse les séries telles qu’elles, en VO, dans le monde entier. Netflix en tête.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Analyse d’un miracle
Comment un pays de 9 millions d’habitants donne-t-il des leçons aux chambres de scénaristes américaines? Parce que ses habitants ont été relativement épargnés par la culture et la grammaire des séries des majors. C’est ce qu’avance d’abord Olivier Joyard. «Israël a été longtemps épargnée par la télé. Il a fallu les années 80 pour voir quelques programmes arriver là-bas. Avant, il n’y avait qu’une chaîne, en noir et blanc, officielle. Le résultat c’est que les créateurs n’ont pas les références et sont libres d’inventer.» Ensuite, l’expression «on n’a pas de pétrole mais on a des idées» prend ici tout son sens. Les créateurs n’ont pas de moyens. Alors ils font avec et développent des concepts. C’est le cas de BeTipul (2005), qui met simplement en scène un psy, qui reçoit un patient par épisode. Un huis-clos qui fonctionne, tient en haleine. Une bonne idée out of the box. BeTipul a depuis été adaptée dans 15 pays, à commencer par les Etats-Unis, où elle a donné In Treatment, avec Gabriel Byrne. La version française, En Thérapie, par le duo Toledano-Nakache, est en tournage. Au fil des interviews d’experts et de scénaristes qui scandent le docu, on dégage d’autres explications: le statut particulier du pays, son absence de frontières, la présence de l’Autre, fournissent une matière originale et introspective (l’autre, c’est aussi bien les Palestiniens israéliens que les ultra-orthodoxes…), le goût des histoires et de la narration dans la culture juive, ainsi évidemment que la politique. «Les créateurs y trouvent de la matière, mais comptent parmi les progressistes dans la société israéliennes. Ils parlent d’occupation, pour désigner les territoires palestiniens. D’ailleurs le premier ministre, Benyamin Netanyahu, a appelé au boycott d’Our Boys».
Alors qu’est-ce qu’on regarde ?
Our Boys
Diffusé sur BeSeries dans la foulée du documentaire Israël terre de séries d’Olivier Joyard, cette série raconte le meurtre d’un jeune arabe de Jérusalem-Est par trois jeunes colons juifs, en représailles du meurtre de trois jeunes israéliens par des terroristes du Hamas. La série prend le point de vue d’un père palestinien qui enquête et explore le côté obscur de la société israélienne. C’est fort, prenant, émouvant, humain…
Euphoria
Ici, pas de politique, mais la vie d’une ado en déglingue, dans la drogue et les excès… Crue, esthétique, son adaptation par Sam Levinson a été le deuxième plus gros succès d’HBO depuis Game of Thrones et a fait de Zendaya une star. L’original, de Ron Leshem, en hébreu, date de 2012 et valait, lui aussi, son pesant de trash et de vérité.
Hatufim (Prisonniers de guerre)
L’original de Homeland, également adapté en Inde. Cette série occupe la première place du classement des meilleures séries de la décennie du New York Times!
Fauda
Un thriller en hébreu et arabe dont la troisième saison arrive en avril 2020 sur Netflix. Il a été conçu par deux anciens membres des forces spéciales et suit une équipe de commando israélienne sous couverture, en action côté palestinien. Saluée par le New York Times, elle ne joue pas à 24Heures Chrono mais, au contraire, propose une vision nuancée des deux côtés et montre ce qui sépare, mais aussi ce qui réunit. (sur Netflix)
On the spectrum
Lorsqu’on évoque avec Olivier Joyard le succès et la qualité des séries scandinaves, il pointe ce qui différencie la production israélienne: «Les scandinaves restent globalement sur un même genre, le polar. En Israël, on trouve de la comédie de mœurs, des drames, tous les sujets sont abordés, pas seulement la politique ou l’action». On the spectrum le montre. Elle dépeint la vie de trois colocataires autistes, vivant en toute indépendance dans une ville proche de Tel Aviv. Comique, émouvante, intelligente, la série de Dana Idisis est inspirée du quotidien de son frère autiste. Une autre façon de peindre la différence et surtout de l’accueillir.
BeTipul
La pionnière. Hagaï Levi s’est inspiré de ses séances de psychanalyse pour décrire la relation patient-psy dans des tranches de vie finement observées.
Les Shtisel, une famille à Jérusalem
Une plongée jubilatoire dans la vie d’une famille ultra-orthodoxe hardeim de Jerusalem, qui a semblé tout aussi étrangère aux Israéliens eux-mêmes. Le fils est artiste, le père est veuf, le cercle familial et amical est omniprésent… Et l’on suit les relations, les anecdotes, les amours, les drames et la vie de toute une communauté (à voir sur Netflix).
Hostages
Si la version américaine, avec Toni Collette, était plus que moyenne -et a d’ailleurs fait un four-, l’original israélien est plus qu’intéressant. Le pitch? Une chirurgienne est contrainte de tuer un chef d’etat pour sauver sa propre famille… (sur Netflix)
When Heroes Fly
Primée meilleure série à CannesSéries en 2018, elle décrit les retrouvailles de quatre anciens combattants de Tsahal en Colombie. Action, suspense et relations humaines crédibles… (première saison sur Netflix).
Nehama
Un quadra perd sa femme dans un accident de voiture… Et décide de revoir sa vie de père de famille et de réaliser son rêve: se lancer dans le stand-up. Une perle d’humour et de situations familiales!