
Jean-Louis Aubert s’est démultiplié à Forest National

Un concert commencé à 20h00 tapantes par Ne m’enferme pas, chanson nichée sur son dernier et double album "Refuge" mais écrite avant Téléphone, et qui se termine près de trois heures plus tard par Voilà c’est fini. A soixante-quatre balais, Jean-Louis Aubert reste l’ennemi de la routine et du minimum syndical. Mieux encore, il met plus que jamais en avant sa part d’enfance. Omniprésente sur "Refuge", sa sensibilité touchante et forcément naïve se décline aussi dans la mise en scène ingénieuse de cette Olo Tour, tournée solo où l’artiste est accompagné par un, deux, trois, quatre, voire plus encore, d'autres Aubert en hologrammes. Mis au point par l’informaticien geek Sébastien Mizermont, le procédé est particulièrement subtil dans la mesure où il est contrôlé en temps réel. Aubert joue ainsi de la batterie quelques minutes, laissant ensuite son hologramme poursuivre le boulot alors que le vrai Jean-Louis s’empare d’une guitare ou va s’installer au piano.
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Au cœur de la nuit
Aubert a aussi l’intelligence de ne pas abuser de la technique. La première partie de son show est ainsi livrée en mode acoustique, quasi sans le moindre artifice. Guitare en bandoulière, veste en cuir, chevelure poivre et sel et sourire de celui qui croque la vie à pleines dents, l’homme déambule sur scène, se fond dans la foule, grimpe dans les tribunes, en claque cinq à ses fans ("Ce n’est plus permis mais on s’en tape"). Aubert est boosté aux ondes positives. Il a fait écrire le mot "Bonheur" en fond de décor et diffusera sur le final des couchers de soleil sur les grands écrans. Il chante l’amour, l’amitié, l’enfance, cite Rimbaud, Barbara, plonge dans tous ses disques solo et n’oublie pas le répertoire de Téléphone. Bref, en une trentaine de chansons, Aubert nous ramène à nos souvenirs, nous fait apprécier le moment présent et donne des grands frissons (Le jour s’est levé, Où je vis, Les Plages, New York avec toi, son dernier single Bien sûr).
Fragilité et émotions
Alors, c’est vrai, la voix craque parfois, on aurait préféré une version électrique d’Au cœur de la nuit, sans doute l’une des plus belles chansons de l’ère Téléphone et certains regretteront l’absence de La bombe humaine (pourtant jouée au Zénith de Toulouse le 28 février dernier) dans la setlist. Mais à l’heure des concerts copiés/collés et formatés, quel plaisir de voir un mec qui donne tout sans calcul, préférant la fragilité des émotions que la froideur de la perfection.
Aubert nous revient, en formule groupe avec les Sculpteurs de vent le vendredi 28 août au festival Les Solidarités. On salive déjà à l’idée d’entendre Juste une illusion sur l’esplanade de la Citadelle.
Photos: Benoît Bouchez