Christophe : 3 albums essentiels à réécouter

Aventureuse,  audacieuse mais aussi inégale, sa discographie a traversé six décennies et laissé des chefs-d’œuvre. Notre top 3

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Les Mots Bleus – 1975

Deux ans après une première collaboration fructueuse ("Les Paradis Perdus"), Christophe retrouve Jean-Michel Jarre pour un des plus grands classiques de la chanson française. Sur cet album sans concession, Christophe s’inspire des sonorités "rock and rauques" anglo-saxonnes et Jean-Michel Jarre se révèle un parolier hors du commun.  Le disque s’ouvre par Le dernier des Bevilacqua, plage stratosphérique de neuf minutes où Christophe retrouve ses racines italiennes sur le mode d’une autobiographie romancée. Entre hommage à l’âge d’or d’Hollywood (Señorita) et mise en abime (La mélodie), la plage titulaire Les Mots Bleus s’impose comme une des plus grandes chansons de son répertoire et du patrimoine français.  La phrase « Toutes les excuses que l’on donne sont comme les baisers que l’on vole » fera encore méditer des générations entières d’amoureux transis. Bashung en a offert une version (presqu’) aussi belle que l’originale.

Bevilacqua – 1996

L’album dont Christophe est le plus fier. Celui aussi qui l’a poussé (avec un concert Bowie vu à l’Olympia) à remonter sur scène vingt-sept ans après son dernier live.  Christophe écrit et compose ce disque quasi tout seul. Il sample la voix d’Enzo Ferrarri (Enzo), revient sur passion pour les vieux 78 tours  blues (Label Obscur), invite le rocker américain destroy Alan Vega (Rencontre à l’as Vega), flirte avec la techno très en vogue à l’époque (Qu’est-ce que tu dis là) et met des filtres dans sa voix une décennie avant tout le monde (Je l’aime à l’envers). Un album sans tube mais où il n’y a rien à jeter.

Les Vestiges du Chaos – 2016

Son dernier album studio (si on écarte les disques de duos parus en 2019). Son dernier chef-d’œuvre absolu.  Un disque construit comme un film, « "avec les images que l’auditeur créera dans sa tête", nous précisait à sa sortie Christophe.  La mort est omniprésente sur cet album  entre hommage à Lou Reed (Lou) « qui fait du tai-chi sur la plage et joue de guitare amnésique» et clin d’œil à son pote Alan Vega (Tangerine Dream) qui venait de mourir. Jean-Michel Jarre, encore lui, lui a soufflé le titre  de cet album qui définit parfaitement son contenu. Passée inaperçue à sa sortie, Dangereuse est une immense chanson d’amour. C’est sa fille Lucille Bevilacqua (celle qu’on voyait, enfant, sur la  pochette de l’album "Le Beau Bizarre" en 1978) qui signe la photo de ce disque crépusculaire. "Les vestiges du chaos" est à Christophe ce que "Blackstar" est à Bowie et "Thanks for the dance" est à Leonard Cohen. Un chant du cygne.

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