Juliette Gréco n’est plus

Icône de la chanson française, elle est morte à l’âge de 93 ans. Avec elle, c’est un morceau de la mythologie de Saint-Germain-des-Prés qui s’évanouit. Un esprit que l’on peut heureusement retrouver dans son vaste répertoire.

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Elle incarnait la légende de Saint-Germain-des-Prés. Ce quartier de Paris qui, au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, se transforme en carrefour des idées et des modes. Au Tabou, point de chute de la jeunesse existentialiste où l’on écoute du jazz tout en discutant de philosophie, elle attire tous les regards. Au-dessus de la mêlée, elle se distingue par une allure sublime et mystérieuse où le noir règne – celui de ses cheveux, celui de ses vêtements, celui de son regard. C’est là que naît le personnage de Juliette Gréco – cette jeune fille magnétique qui converse et fume avec Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Miles Davis…

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Sur scène – elle décide d’y monter au début des années 50 – elle dégage une aura jamais vue, et développe un style audacieux, aidée par des chansons qu’elle porte à bout de lèvres. Celles de Sartre, de Boris Vian, de Jacques Prévert et, plus tard, de Léo Ferré, de Serge Gainsbourg, de Guy Béart… «Si tu t’imagines», «Je suis comme je suis», «Jolie môme», «Il n’y a plus d’après», «Paris canaille» – autant de textes qui livrent un autoportrait de la chanteuse qui finira par faire apparaître, sous les lumières des plus belles salles et le reflet brillant de fourreaux à sequins, l’une des plus grandes divas de la chanson française. Une artiste qui aimait jouer avec les mots et leur dimension érotique – n’oublions jamais qu’en 1967, «Déshabillez-moi», chanson de strip-teaseuse, provoque un mini scandale et est boycottée par les radios.

Comédienne, adulée par les réalisateurs qui ont fait de leur nom une signature (elle a tourné sous la direction de Jean Cocteau, Jean-Pierre Melville, Jean Renoir, Otto Preminger, John Huston…), mais chanteuse jusqu’au bout, elle poursuivait sa quête des mots, curieuse des écritures d’aujourd’hui. La preuve par ces collaborations étonnantes avec le rappeur slameur Abd al Malik et Olivia Ruiz. Des auteurs qui ont été impressionné – comme il se doit – par l’élégance de Juliette Gréco qui faisait autorité.

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