

"L’ennui avec les enfants, c’est qu’ils grandissent. C’est qu’un beau matin, sans prévenir, ils mettent des trainings, répondent par onomatopées et écoutent de la mauvaise musique. […] Comble de tout, une fois dépassé le mètre 50, ça cesse de vous considérer comme Dieu en personne. Et ça, il faut l’encaisser !"
Voilà les premiers mots prononcés sur scène par Thierry Hellin, l’unique comédien de la pièce adaptée du roman "Le Champ de bataille" écrit par Jérôme Colin. Il incarne un père enfermé dans les toilettes, son ultime forteresse inviolable où il peut tranquillement consulter des dépliants de voyage pour échapper à sa famille qui ne le comprend plus. Grâce à des mimiques langagières et gestuelles, il joue également, par intermittence
, son fils en crise d’ado, sa femme avec laquelle il couche moins qu'avant, sa psy bienveillante à 50 euros et un directeur d’école moche et chauve qui représente un système scolaire qu'il déteste.
Le metteur en scène Denis Laujol offre un spectacle cynique, drôle (le public rit!) et émouvant (dans la salle, on pleure littéralement) sur l’amour familial, la vie de couple, la violence de l’école et le terrorisme. Cette représentation pleine de tendresse et jamais dénuée d’espérance est surtout destinée aux parents et à leurs enfants qui devraient forcément s’identifier au moins un peu… tant la pièce est le miroir des problèmes rencontrés par la plupart des familles.
Le Théâtre de Poche, à Bruxelles, propose cette adaptation efficace et extrêmement fidèle du roman de Jérôme Colin jusqu'au 31 octobre prochain. Il sera ensuite possible de la voir au Théâtre Jean Vilar.