Ce que révèlent les mémoires de Barack Obama

Dans « A Promised Land », premier tome de ses mémoires, l'ancien président des Etats-Unis Barack Obama revient sur ses deux mandats, livre ses impressions sur l'Amérique de Trump et dresse des portraits piquants de ses anciens homologues.

Barack Obama - Reuters

C'est l'un des événements littéraires les plus attendus de l'année. Les organisateurs du Booker Prize ont même décalé l'annonce du vainqueur de cette édition pour ne pas tomber le même jour que sa parution. Intitulé A Promised Land (Une terre promise), le premier tome des mémoires de Barack Obama sort ce mardi, soit deux semaines exactement après l’élection présidentielle américaine. À travers ces 768 pages, le 44e président des États-Unis raconte ses débuts politiques, les moments marquants de ses deux mandats, la crise financière de 2008, la réforme du système de santé, ses conflits avec des généraux sur la stratégie militaire en Afghanistan, jusqu'à la mort d'Oussama ben Laden.

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Le démocrate, qui fut au pouvoir de 2009 à 2017, qualifie ses mémoires de « bilan honnête » de sa présidence, avec ses succès et ses erreurs, offrant également une réflexion personnelle sur le poids qu'il portait en tant que premier président afro-américain. Il admet par exemple que son image publique était exagérée, avec un fossé entre les attentes et la réalité. À propos du prix Nobel de la paix qu'il a reçu en 2009, il se demande: « Pour quoi? »

Mais celles et ceux qui lui reprochent une certaine froideur ne changeront pas d'avis après la lecture de ce livre. L'écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, qui en a fait une critique pour le New York Times, regrette d'ailleurs une forme de distance, une retenue à ses yeux excessive ou encore un manque d'émotions personnelles dans le récit.

Sur Trump et l'Amérique polarisée

Barack Obama évoque également le rôle qu'a joué, selon lui, son élection dans la profonde transformation du parti républicain et la montée en puissance de Donald Trump. « C'est comme si ma seule présence à la Maison-Blanche avait déclenché une forme de panique, le sentiment que l'ordre des choses avait été bousculé », écrit-il, selon des extraits lus par CNN. « Aux millions d'Américains effrayés par la présence d’un homme noir à la Maison-Blanche, [Donald Trump] a proposé un élixir à leurs angoisses raciales. »

Le livre de Barack Obama dans une vitrine

Revenant sur les quatre années qui se sont écoulées depuis son départ, l'ancien président de 59 ans déplore le piétinement systématique des normes et des faits. « Le plus troublant de tout est peut-être que notre démocratie semble sur le point de basculer dans la crise », écrit-il dans un extrait publié par The Atlantic. « Une crise enracinée dans une lutte fondamentale entre deux visions opposées de ce qu'est l'Amérique et de ce qu'elle devrait être, une crise qui a laissé le corps politique divisé, en colère et méfiant, et a permis une violation continue des normes institutionnelles, des garanties procédurales et du respect des faits que les républicains et les démocrates tenaient autrefois pour acquis », poursuit-il, conscient qu'une seule élection ne suffira pas à régler le problème, tant les divisions en Amérique sont « profondes » et les défis « de taille ».

Il se dit cependant optimiste sur le long terme, grâce notamment à la prochaine génération, « dont la conviction de l'égalité de tous les hommes semble devenir une seconde nature ». Son livre s'adresse en particulier à ces jeunes: « une invitation à refaire le monde et à créer, grâce à un travail acharné, de la détermination et une grande dose d'imagination, une Amérique qui reflète enfin ce qu’il y a de meilleur en nous. »  

Plusieurs personnalités épinglées

Dans ce premier tome, Barack Obama dresse également le portrait de certaines personnalités politiques qu'il a côtoyées durant ses deux mandats. À propos de son vice-président Joe Biden, futur président des Etats-Unis, il décrit un homme « décent, honnête et loyal », qui se soucie des gens ordinaires. À l'inverse, il compare le sénateur républicain Lindsey Graham à un personnage d'un film d'espionnage « qui double tout le monde pour sauver sa peau ». Quant à Sarah Palin, colistière de John McCain en 2008, « ne savait pas du tout de quoi elle parlait ».  

Le président russe Vladimir Poutine lui rappelait les chefs de quartiers à Chicago, durs mais intelligents. Évoquant l'ancien président chinois Hu Jintao, l'Américain raconte que, lors d’un tête-à-tête, ce dernier lisait des documents de manière si monotone qu’il a failli lui suggérer « de gagner du temps tous les deux en échangeant nos documents et en les lisant à notre guise ». Mais c'est peut-être la description de son ancien homologue français, Nicolas Sarkozy, qui suscite le plus de réactions de notre côté de l'Atlantique. L'ex-hyperprésident est décrit comme un politicien qui « bombe le torse comme un petit coq ».

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