Les festivals retiennent leur souffle

Pourra-t-on à nouveau profiter des festivals en 2021? Le flou reste total, mais des pistes pour sauver la saison estivale émergent.

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En France, Solidays, prévu traditionnellement fin juin, vient de jeter l'éponge. « Les espoirs que nous puissions jouer cet été, avec une grande jauge et debout, sont hypothétiques et faibles », a justifié Luc Barruet, le directeur de l'événement parisien qui sert avant tout à financer l'association Solidarité Sida.

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Cette annulation s'ajoute à celles des grands rendez-vous internationaux, Glastonbury en Angleterre et Coachella aux Etats-Unis. Les festivals belges connaîtront-ils le même sort? En ces temps incertains, l'inquiétude est de mise dans le secteur, mais celui-ci n'a pas dit son dernier mot.

Rester positif

Depuis plusieurs mois, les organisateurs planchent, sans aucune garantie, sur l'édition 2021. Parce qu'un festival ne se prépare pas du jour au lendemain, mais aussi parce que certains ne tiendront peut-être pas une seconde année sans travailler. Ils n'ont pas le choix, ils doivent y croire.

L'heure est au positivisme. Sur papier, on fait donc comme si la prochaine saison aura bel et bien lieu. À Dour (du 14 au 18 juillet), on a déjà lancé le décompte officiel, avec une centaine de noms à l'affiche. Les Ardentes (du 8 au 11 juillet) ont annoncé de leur côté Damso, Kendrick Lamar, Cardi B ou encore PNL. Rien que ça. En Flandre, des artistes prévus en 2020 à Werchter (du 1er au 4 juillet) ont été reconfirmés aux côtés de Red Hot Chili Peppers et Gorillaz. D'autres événements, plus petits, ont également affiché leur volonté d'exister cet été, comme le Horst Music & Arts Festival (du 10 au 12 septembre) qui a dévoilé tout récemment ses premiers noms, dont la légende Jeff Mills.

Plus tôt dans l'année, le Paradise City Festival (du 15 au 27 juin) affiche, lui, un « optimisme prudent », sans toutefois dévoiler ses plans. « À l'heure actuelle, nous ne pensons toujours pas que ce soit le bon moment pour commencer à parler de line-up ou d’autres détails », ont confié les organisateurs ce jeudi.

Le scénario le plus probable, et celui à éviter

Seule certitude pour l'instant: si les festivals ont bien lieu cet été, ce ne sera pas comme avant. Les organisateurs l'ont bien compris, et planchent sur des scénarios alternatifs. Parmi eux, le testing massif et rapide. Le traditionnel scan de ticket à l'entrée du festival pourrait donc bien s'accompagner d'un dépistage rapide ou de la présentation d'une preuve d'un test négatif réalisé quelques jours plus tôt. Le succès de l'expérience menée à Barcelone en décembre, où des mesures spécifiques avaient été prises, prouve que cela pourrait être la bonne solution. Le festivalier positif serait alors potentiellement renvoyé chez lui. Et remboursé?

Quant aux vaccins, c'est une possibilité que les organisateurs n'excluent pas, même si elle ne les enchante guère. Le débat pourrait toutefois ne pas avoir lieu puisque la campagne de vaccination, qui devrait débuter en théorie cet été pour le grand public, est avant tout dépendante des livraisons des firmes pharmaceutiques, qui multiplient les retards.

Autre plan B, celui que les organisateurs souhaitent à tout prix éviter: réduire le nombre de festivaliers. Ils ne veulent pas d'un « demi-événement ». « Il faut savoir qu’un festival de musique n’est rentable qu’à partir du moment où il a vendu entre 75 % et 80 % de ses billets », expliquait fin novembre dans La Libre Damien Dufrasne, président de la Fédération des festivals de musique en Wallonie et à Bruxelles, et directeur du festival de Dour. « Si festival il y a, il faut pouvoir tabler sur l’audience habituelle. Une jauge à 50 %, ça ne vaut même pas la peine d’y penser ». « C'est tout ou rien », a insisté ce jeudi le cofondateur des Ardentes Gaëtan Servais.

le public à un festival de musique

Décision politique à la mi-mars

Dans tous les cas, une prise de décision rapide du gouvernement semble indispensable. Celle-ci devrait arriver au plus tard à la mi-mars, en Flandre en tout cas. « J'espère de tout mon cœur que, concernant les festivals, des choses impossibles l’année passée seront à nouveau possibles cette année. Mais il est trop tôt pour le moment pour pouvoir en dire plus », avait déclaré mi-janvier Jan Jambon, ministre flamand de la Culture.  

Après la saison manquée l'été passé, le gouvernement flamand veut aider ce secteur en difficulté. 50 millions d’euros sous forme d’avances remboursables pour les organisateurs professionnels d'événements ont ainsi été débloqués, ainsi que 10 millions d'euros pour pouvoir prendre toutes les mesures de sécurité liées au coronavirus, ont annoncé ce mercredi les ministres flamandes de l'Économie Hilde Crevits et du Tourisme Zuhal Demir.

Côté francophone, les organisateurs s'impatientent. « En termes de concurrence, on est désavantagés si on dit à nos artistes qu'on ne pourra payer les acomptes qu'en mars, lorsque la décision sera tombée, alors qu'au Nord du pays, ils peuvent d'ores et déjà les payer », a souligné Gaëtan Servais.

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