Véronique Sanson “Le trac est là, c’est bien”

Exemple, pionnière, icône et référence, elle annonce un nouvel album et se produit ce 22 juillet au Heysel en lever de rideau de l’Arena 5. Conversation avec une voix.

VERONIQUE SANSON@Patrick Swirc

Si on y inclut les 45 tours initiateurs enregistrés avec sa sœur cadette ­Violaine en 1969, la carrière de Véronique Sanson couvre sept décennies. C’est rare. C’est même unique pour une artiste française à la fois auteure, compositrice et interprète. Et la vie continue. À 72 ans, elle est l’une des premières “grosses pointures” francophones à repartir en tournée. Une semaine après avoir donné le coup d’envoi de son périple estival dans le sud de la France, elle sera chez nous ce 22 juillet pour inaugurer l’Arena 5, nouvel événement musical bruxellois qui se déroule  jusqu’au 30 août (voir encadré).

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Cette tournée d’été revêt-elle un goût particulier?
VÉRONIQUE SANSON - Évidemment et c’est un goût merveilleux. Celui de la musique, de la liberté, des retrouvailles avec le public. Tout le monde en a besoin. Je répète actuellement avec mes musiciens et, après tous ces mois de frustration sans concert, on a peur d’avoir tout oublié. On répète les chansons que les gens veulent entendre: Vancouver, Besoin de personne,  Bahia… On répète celles, moins connues,  qu’on a envie de remettre en lumière. Et on retrouve assez vite nos repères, tout ce qui nous a manqué, comme le trac. Je le ressens plus qu’avant car ça fait longtemps que je n’y avais plus goûté et c’est bien.

Vous avez beaucoup composé pendant la pandémie?
Non, rien du tout. La pandémie a été une magni­fique excuse à ma paresse. J’étais très contente. J’ai lu, j’ai rattrapé des films, j’ai fait des mots croisés. Mais j’exagère un peu, j’ai un peu travaillé avec Vianney et mon équipe sur un nouvel album. J’y explore des thématiques positives, ce ne sera pas la Véronique Sanson qui chante “ah je suis malheureuse”. Je n’étais pas dans cet esprit-là.

Vos chansons ont accompagné l’existence de plusieurs générations. Quand vous les créez, il y a toujours cette volonté d’être intemporelle et universelle?
Rien ne vous permet de dire qu’une chanson sera universelle. Ce serait trop facile. Par contre, il y a effectivement chez moi un souci d’intemporalité. Dans le phrasé d’une mélodie, les tournures d’une phrase, les mots, j’évite les “trucs” et les “tics” du moment, les expressions à la mode, les noms propres, l’emphase… Il faut que ce   soit clair, net, pudique. Tout le monde doit ­comprendre.

En 1972, vous disiez “Je n’ai besoin de personne pour choisir ma vie” et vous chantiez une liaison interdite dans Amoureuse.  Aviez-vous le sentiment d’ouvrir la voie à une chanson féminine engagée?
Non, j’étais simplement sincère. C’était mon ressenti, ma réalité. C’est vrai qu’à l’époque, on n’entendait pas ça chez les autres chanteuses. Mais la plupart d’entre elles n’écrivaient pas leurs chansons, c’étaient des hommes qui le faisaient. Quand j’ai sorti mon premier album sur lequel se trouvent Besoin de personne et Amoureuse, je vivais ma vie au moment présent, comme je le sentais, sans la moindre emprise extérieure. C’était naturel pour moi. Je n’en faisais pas un combat féminin ou féministe. Si ces chansons ont ouvert des portes et ­touchent encore aujourd’hui, je ne crois pas que c’est pour leur côté militant, car il n’y en avait pas. C’est parce que j’utilisais des mots dans ­lesquels beaucoup de femmes ont pu se retrouver et se retrouvent encore.

Vous avez toujours dit “Je ne suis pas une star, je suis moi-même”. C’est de la fausse modestie?
Non, c’est la vérité. Je ne me suis jamais sentie une “star”. Je suis beaucoup trop timide pour ça.
Au début de ma carrière, quand les journalistes m’interrogeaient, je répondais “oui”, “non”. Je bafouillais, j’avais du mal à trouver mes mots. J’étais bien dans ma bulle, avec des musiciens, loin des paillettes. Avec les années, on voit moins cette timidité en moi, mais elle est toujours là.

Quand vous écoutez la radio, vous entendez des nouvelles Véronique Sanson?
Non. C’est comme ça. Je dis ça sans la moindre prétention. Je n’entends nulle part une nouvelle “moi”. Ce n’est pas la même voix, pas la même proposition, pas les mêmes mélodies. Mais il y a des choses qui me touchent beaucoup. Chez Christine And The Queens ou Jeanne Cherhal notamment. Elles ont leur propre style et c’est magnifique. Il y a aussi plein de choses que je n’aime pas.

Hormis un ouvrage coécrit sur vos Années américaines en 2015, vous n’avez pas encore rédigé d’autobiographie. Vous y pensez?
Non. Il y a déjà eu de nombreuses biographies qui m’ont été consacrées et elles sont plutôt bien ­écrites. Et puis, pour se lancer dans ses mémoires, il faut avoir… de la mémoire. Ce n’est pas mon cas. Pour ceux qui veulent connaître ma vie, il y a les paroles de mes chansons. Tout est là. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter de plus.

Quels albums de votre discographie  conseilleriez-vous à celle ou celui qui  ne vous connaît pas encore?
L’album “Le maudit” (son premier disque “américain” en 1974 où elle évoque sa séparation d’avec Michel Berger - NDLR), “Hollywood” (1977) et celui sans titre pour lequel j’ai dessiné des arbres sur la pochette (appelé “l’album blanc” ou “Véronique Sanson” en 1985). Pour les chansons qu’ils abritent mais aussi parce que j’avais pu bénéficier de grands apports technologiques en studio. Je me suis ­beaucoup amusée en les enregistrant.

Le 22/7. Arena 5, Heysel, Bruxelles.

À VOIR À L’ARENA 5

Marc Lavoine,  le 25/7.
Feu! Chatterton,  le 28/7.
Ibrahim Maalouf,  le 29/7.
Philippe Katerine, le 30/7.
Morcheeba,  le 31/7.
Raphael, le 5/8.
Loïc Nottet, le 6/8.
Hooverphonic,  le 25/8.
Programme complet: www.arena5.be

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