
dEUS: une grande première audacieuse au Grand-Duché

Hormis la tournée 20e anniversaire de The Ideal Crash, dEUS ne s’est jamais autant focalisé en concert sur un seul album qu’à l’occasion de cette nouvelle tournée dont le coup d’envoi officiel était donné ce mercredi 8 mars au Rockhal Club d’Esch-sur-Alzette. Et c’est tout à son honneur. En trente ans de carrière (leur premier EP "Zea" est sorti en 1993) et huit disques studio (sans compter le EP "My Sister = My Clock"), le groupe anversois a pu se constituer une solide setlist de classiques. Mais cette fois, Tom Barman et sa bande ont décidé de jouer la carte de l’audace et de sortir par la même occasion leurs fans de leur zone de confort. Voilà les spectateurs des concerts complets de l’Eden (ce jeudi 9) et des quatre dates également sold-out de l’Ancienne Belgique (14 au 17/3) prévenus.
La lecture de votre article continue ci-dessous
How To Replace It
Dans un Rockhal Club rempli à rabord, dEUS a en effet joué l’essentiel d’"How To Replace It", paru voici un mois. Pas seulement les deux ou trois titres le plus évidents qui ont été choisis pour les radios, mais aussi les "morceaux" d’album où le groupe expérimente, les choses moins évidentes, les ballades, les longues plages atmosphériques. Tout l’album qu'on vous dit, ou presque... Et nous, on a adoré. Avec la voix mi-chantée, mi-spoken word de Tom Barman et ses cymbales percutantes jouées par Stéphane Misseghers (le bassiste Alan Gevaert s’étant installé à la batterie), la plage How To Replace It est la parfaite introduction du dEUS 2023. On aussi craqué pour les chansons de rupture (magnifiques Must Have Been New, Dream Is a Giver et Love Breaks Down) distillées au gré du set. Le très eighties 1989 (l'année où le père de Tom Barman est décédé), avec sa rythmique influencé par le Streets Of Philadelphia de Bruce Springsteen (c’est Tom Barman qui nous l’a dit), est boosté au groove et va s’imposer très rapidement comme un grand moment live. Simple Pleasures (qu’un spectateur des premiers rangs qualifiera de "musique de supermarket" au grand désarroi de son auteur) est aussi livré dans une version plus musclée.
Instant Street
Et le back-catalogue direz-vous ? Il est là, à petites doses servies juste comme il le faut. Le groupe va ainsi repêcher WCS (First Draft) et Hotellounge de son tout premier album "Worst Case Scenario" (1994). Il exhume aussi l’enivrant et vibrant Fell Off The Floor, Man de "In a Bar Under The Sea" (1996). Et comme ce fut souvent le cas dans le passé, dEUS termine son concert (avant rappel) par une version cataclysmique d’Instant Street. Tom Barman est sur un ressort électrique et Mauro Pawlowski est sur son petit nuage. S’il est absent de l’enregistrement de "How To Replace It" (hormis des chœurs sur Love Breaks Down), le guitariste limbourgeois au jeu aussi inventif qu’élégant fait son grand retour dans le combo pour cette tournée 2023 et sa valeur ajoutée est énorme.
Les patrons du rock belge
Ce premier concert officiel n’a pas été parfait. Loin de là. Mais la perfection dans un concert rock , on s’en tape. C'est l'émotion du moment présent qui compte. Oui, Tom Barman était particulièrement tendu en début de set. Le préposé aux "retours scène" en a pris pour son grade. Il a aussi montré des gestes d’énervements sur le batteur Stéphane Misseghers qui ne redémarrait pas assez rapidement les chansons. Les vingt premières minutes, le public était assez décontenancé par l’option prise qui comporte moins de déflagrations électriques que dans le passé. Et, certes, il y a quelques réglages et enchaînements à peaufiner. Mais dEUS n’a rien lâché et a tout donné comme à ses débuts. On l’a écrit et on le répète: "How To Replace It" est sans doute le meilleur album des Anversois depuis "The Ideal Crash". N’attendez pas son vingtième anniversaire pour vous en rendre compte. Les patrons du rock belge en 2033, c’est dEUS et personne d’autre.
Le 9/3 à l’Eden, Charleroi (complet). Du 14 au 17/3, Ancienne Belgique (complet). Le 25/6, Live Is Live, Anvers. Le 15/7, Dour Festival.