
Calogero : "Il y a une certitude : sans amour, on ne peut pas vivre"

En 2020, lors de la sortie de Centre ville, il était beaucoup question, avec Calogero, de la pandémie et de la façon dont il vivait les confinements. Comme lors de toutes les interviews à l’époque. Trois ans plus tard, il le dit lui-même, c’est derrière nous. Pour peu, on dirait même qu’on a oublié cet épisode inédit – et pénible diront beaucoup) qu’a traversé le monde. Sur A.M.O.U.R., son nouvel album, il n’est plus du tout question du sujet. En revanche, il ressort de l’écoute des titres qui le composent, une certaine urgence. “Plutôt que d’urgence, il s’agit d’envie, corrige-t-il. Celle de remonter sur scène pour rencontrer les gens. Ça se ressent beaucoup dans les tempos de certaines chansons, comme “A.M.O.U.R.”, “La nuit n’est jamais noire” et surtout “Cache cache”. Cette dernière est née comme ça, en imaginant retrouver les gens. Ces tempos sont calibrés pour la scène.”
La lecture de votre article continue ci-dessous
Faut-il dire “Amour” ou épeler les lettres lorsqu’on dit le titre de votre album ?
C’est la deuxième option, parce que l’amour, c’est parfois en pointillé. En tout cas celui entre deux personnes. Ce n’est pas le cas en revanche pour l’amour de ses enfants ou de ses parents. L’amour, c’est un sujet fort compliqué mais il y a une certitude : sans amour, on ne peut pas vivre.
À l’écoute du disque, amour ne rime pas avec toujours chez vous…
(Silence) Au contraire, je pense que oui. S’agissant du couple, par exemple, quand on a aimé quelqu’un et que l’amour physique s’arrête, on transforme ce dernier. Il en reste toujours quelque chose, c’est comme ça que je fonctionne.
Par contre, chanter l’amour, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile pour vous, non ?
C’est vrai. Depuis toujours, je chante des chansons comme un acteur. À la manière de Charles Aznavour, j’aime bien l’idée de me mettre dans la peau de personnages. C’est le cas dans 'J’ai le droit aussi', un titre contre l’homophobie, ou 'Si seulement je pouvais lui manquer', où je me place dans la perspective d’un gamin à qui son père a manqué alors que mon père a été présent pour moi. Si on ne chante que sa propre vie, on a vite fait le tour. Par contre, quand je chante l’amour, j’ai besoin que ce soient mes histoires. C’est étrange mais je me sens plus à l’aise comme ça sur ce sujet, plutôt qu’en me glissant dans la peau de quelqu’un.
Il y a de belles collaborations sur ce nouvel album…
Dominique A, c’est un retour. J’ai fait plein de chansons avec lui : 'La fin du monde', 'Le passage des cyclones', 'J’attends' ou 'Elle me manque déjà'. Ses textes et mes musiques ont une particularité. 'Rien comme les autres' est, à mon avis, une des plus belles chansons de ce nouvel album. La plus romantique aussi. On a une histoire ensemble. 'La nuit n’est jamais noire', c’est une musique que j’ai composée en vol. On entend d’ailleurs les bruits de l’avion. Je tenais à la chanter avec Gaëtan Roussel parce qu’il a cette voix à la fois sombre, et solaire. C’était parfait pour ce titre.
Et puis il y a cette inconnue qu’on entend sur “Le hall des départs” : Marie Poulain. Sa voix se confond littéralement avec la vôtre…
Sur chaque album, j’aime bien présenter un nouvel auteur. Ici, l’histoire est dingue. J’ai repéré sa voix par le biais d’une amie commune, avant d’avoir lu ses textes et d’avoir vu la personne. Je l’ai trouvée étonnante. On s’est rencontrés et on a toute de suite fait des chansons ensemble. Elle écrit magnifiquement bien. Mais en plus, se cache derrière, une interprète. D’où ma volonté d’ouvrir l’album avec cette musique très cinématographique, tout en présentant un nouvel auteur et aussi une nouvelle artiste. Elle fait ses propres chansons. Elles sont très belles. Elle a un bel avenir devant elle dans la chanson, avec cette voix extrêmement reconnaissable.
Vous parlez de musique cinématographique. Vous dites même que cet album est très inspiré par les musiques de film. Pourtant, à l’écoute, il est pop…
J’ai découvert la musique avec Ennio Morricone et un best of de ses musiques pour des films français : La banquière, I… comme Icare, Le casse… Et avec tous les génériques de dessins animés et de films des années 70, y compris les musiques de la fin des programmes télé, comme sur Antenne 2 (ex-France 2, NdlR) avec Michel Colombier et les illustrations animées de Folon. C’est comme ça que j’ai commencé la musique. Ça m’a marqué au fer rouge. J’avais un orgue que mon père nous avait acheté. Et avec le synthétiseur d’un musicien professionnel du quartier qui faisait des disques comme Jean-Michel Jarre, sans paroles, et qui était notre prof, on s’accompagnait. Ce n’est qu’après que j’ai découvert Depeche Mode et The Cure qui m’ont marqué à jamais. Dans ma musique, il y a toujours cette musique de film qui se promène. On l’entend beaucoup sur 'Le hall des départs'.
En concert le 12 janvier (complet) et le 13 janvier au Palais 12, à Bruxelles.
A.M.O.U.R.
Calogero

AMOUR Calogero