
How To Save A Dead Friend : portrait d'une jeunesse russe sacrifiée
En 1990, Hervé Guibert signait le sublime À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, roman adressé, lui aussi indirectement, à Michel Foucault, atteint du sida. Trente ans plus tard, Marusya tente à son tour de sauver, grâce à l’art, la vie de son ami Kimi, atteint d’un mal plus moderne: la dépression. À travers des bribes de leur adolescence, filmées à l’aube des années 2010, Syroechkovskaya dresse le portrait d’une jeunesse forcée de grandir sous un régime étouffant appelé Russie.
L’ombre de Poutine plane sur tout le film et ajoute une couche de noirceur à ce journal intime qui n’en manque pourtant pas. Entre la dépression, la pauvreté, la toxicomanie, l’alcool et les pensées suicidaires, Marusya et Kimi tentent de survivre. Comme des mauvaises herbes qui se frayent un chemin à travers le béton, les deux adolescents luttent et se racontent sans fard. How To Save A Dead Friend met en lumière leurs cicatrices, leurs larmes, leurs faiblesses et tout ce que la société souhaiterait cacher (surtout en Russie). En résulte un cri du cœur bouleversant et indispensable, qui transpire l’amour.