
Doctor Strange in the Multiverse of Madness, le ridicule ne tue pas

En s’ouvrant au Multiverse, notamment dans la série Loki (disponible sur Disney+), puis dans la série What If…? et le récent Spider-Man: No Way Home, Marvel s’imaginait déjà pouvoir raconter tout et n’importe quoi et proposer, enfin, des projets plus étranges et moins classiques (pour ne pas dire ennuyeux). Après tout, sur le papier, qui dit Multiverse dit “tout est possible”. Changement d’acteurs, renversement des concepts, alignement de clins d’œil aux fans ou réécriture de certains arcs narratifs. Autant “d’outils” que le scénariste Michael Waldron, déjà à l’œuvre sur la série Loki, a donc décidé d’utiliser pour ce Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Mais à trop vouloir en faire, quitte à abandonner les spectateurs les moins assidus, Marvel se prend les pieds dans le tapis de façon spectaculaire. En effet, pour la deuxième aventure en solo du Docteur Strange incarné par Benedict Cumberbatch, une seule règle semble avoir été respectée: le ridicule ne tue pas.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Plus soucieux d’enchaîner les clins d’œil, les références et les gags que de construire une histoire solide, Michael Waldron oublie que le Multiverse a malgré tout besoin d’une base solide et crédible pour autoriser ses plus folles fantaisies. En résulte un film terriblement bancal et sans enjeux, malgré l’enchaînement de séquences qui se veulent bluffantes, mais qui ne parviennent qu’à mettre en lumière la faible qualité des effets spéciaux (rarement un film Marvel a été aussi moche).
Les acteurs, pourtant très bons (mention spéciale à Elizabeth Olsen, qui aurait mérité son propre film), semblent perdus et peinent à rendre crédibles les nombreux rebondissements invraisemblables du scénario. Trop occupé à jouer avec son Docteur Strange zombie, Waldron a, semble-t-il, oublier de relire la définition de l’expression “deux ex machina”.
Cerise sur ce gâteau indigeste, la réalisation, confiée à Sam Raimi, est terriblement vieillotte. Entre ses (trop) nombreuses références à Evil Dead, Raimi filme comme au début des années 2000, époque durant laquelle il régna en maître sur l’univers des superhéros avec sa trilogie Spider-Man. Malheureusement, depuis 20 ans, les choses ont bien changé et Raimi, coincé dans le passé, se fait écraser par la concurrence. On pense notamment à Taika Waititi, qui a apporté un vent de fraîcheur à l’univers Marvel avec son Thor: Ragnarok ou encore l’humour de James Gunn sur la franchise Guardians of the Galaxy. Après l’échec de The Eternals et le passable Shang-Chi, ce Doctor Strange in the Multiverse of Madness est un nouveau raté de Marvel. Dommage pour Wanda/The Scarlet Witch, qui aurait mérité bien mieux.
* Réalisé par Sam Raimi. Avec Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Chiwetel Ejiofor - 126’