Elvis, Black Phone... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) au cinéma

La rédaction a sélectionné pour vous les nouveaux films à ne pas manquer... ou à éviter cette semaine.

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© Prod.

Elvis

Je n’ai pas tué Elvis, je l’ai créé. Il était le showman, j’étais le mystificateur.” Raconté par le prisme de l’insaisissable colonel ­Parker (Tom Hanks méconnaissable dans la peau du manager exclusif du chanteur), le biopic de Baz Luhrmann raconte le mythe Presley en suivant de près le “vilain” de l’histoire. Face au colonel, Presley (Austin Butler) apparaît tout au long du film comme un personnage de comics – le jeune Elvis s’avouant lui-même fan du Captain Marvel Jr. Mais passé ces conventions ­narratives (mélange des films de super-héros et des habitudes de Lurhmann qui traque l’envers du music-hall ou du glamour depuis Moulin Rouge ou Gatsby le magnifique), le film se révèle une peinture flash de l’Amérique des années 50-70 – l’exceptionnel parcours du King renvoyant en miroir la fin de l’innocence de l’Amérique.

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En sous-texte, Elvis est aussi un hommage aux pionniers et aux lieux de mémoire de la musique noire américaine qui ont façonné l’icône. Les ­figures initiatiques de Big Boy Crudup, BB King, Big Mama Thornton ou Mahalia Jackson, les ­gospels du quartier noir du Mississippi où grandit le jeune homme ou le quartier de Beale Street à Memphis volent presque la vedette aux performances live d’Austin Butler. Issu du monde du ­cirque, le colonel tentera maintes fois de lisser le style Elvis, son déhanché électrique, “ses cheveux gras et son maquillage de fille” qui empruntent à la culture afro-américaine. Car aux yeux de l’Amérique ­blanche et conservatrice, Elvis “bouge comme un Noir” et les filles lui jettent leurs culottes sur scène – assez pour l’arrêter pour luxure et infraction aux lois ségrégationnistes, pour l’envoyer faire son ­service militaire en 1958.

En plusieurs chansons phare (If You’re Looking For Trouble, Hound Dog, Are You Lonesome Tonight…), la créature Elvis semble sans cesse se débattre entre la vision du colonel (qui le manipule comme la plus lucrative des attractions de foire, inventant le ­merchandising jusqu’à plus soif) et la propre persona du King, hantée par les traumas de l’Amérique (la fracture raciale, la mort des Kennedy, de Luther King ou Sharon Tate). Le troisième acte du film se révèle ainsi le plus déchirant – Elvis bouffi en rouflaquettes, paranoïaque et sous drogue, renonçant à quitter la cage dorée du Grand Hôtel de Las Vegas et performant Unchained Melody pour l’éternité avant de s’effondrer. Il avait seulement 42 ans.

*** Réalisé par Baz Luhrmann. Avec Austin Butler, Tom Hanks, Olivia De Jonge. – 166′/

Black Phone

Produit par Blumhouse, la maison de production à la pointe du cinéma horrifique fondée en 2000 par Jason Blum (Paranormal Activity, American Nightmare, Insidious, The Purge, la franchise Halloween ou Get Out de Jordan Peele), Black Phone vient confirmer que la nouvelle fabrique de l’horreur est entre de bonnes mains à Hollywood. Et pour cause. Adapté d’une nouvelle de Joe Hill (fils de l’auteur culte Stephen King) par Scott Derrickson (auteur des effrayants Sinister 1 et 2, déjà avec Ethan Hawke), le film suit le destin de Finn et Gwenn, un frère et une sœur (Mason Thames et Madeleine McGraw, impressionnants de maturité émotionnelle) dans une sinistre banlieue de Denver des années 1970 où sévit un serial killer d’enfants surnommé The Grabber (L’attrapeur).

Précis, sinistre, infusé d’une bande-son à cordes ­lugubre, le film dérive en toile de fond sur la violence de l’Amérique et les problèmes de harcèlement ­scolaire, tandis qu’Ethan Hawke apparaît en clou du spectacle au bout de 30 minutes, terrifiant et masqué. On ne vous en dit pas plus.


*** Réalisé par Scott Derrickson. Avec Ethan Hawke, Mason Thames, Madeleine McGraw – 103’.

L'homme parfait

On a beau aimer encore beaucoup Didier Bourdon et rire durant la première demi-heure de ses pitreries de boomer-loser, ce vaudeville recuit tombe à plat. On y suit péniblement le couple formé par Frank et Florence, soudain ragaillardi par l’arrivée d’un robot humanoïde ­capable de remplir toutes les fonctions ménagères. Enfin débarrassée de la fameuse “charge mentale”, Florence s’attache au robot tandis que Frank en devient jaloux. Mais l’amusement premier (Bourdon use de mauvaise foi masculine avec talent), le film se perd dans les clichés sur le couple (avec blagues infantiles sur la fonction sexuelle du robot) et renfile les chaussons de la bonne morale familiale bourgeoise, avec Papa et Maman bien à leur place.


° Réalisé par Xavier Durringer. Avec Didier Bourdon, Valérie Karsenti, Pierre-François Martin-Laval, Frédérique Bel – 86’.

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