Women Talking, Le pire voisin du monde... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) au cinéma

La rédaction a sélectionné pour vous les nouveaux films à ne pas manquer... ou à éviter cette semaine au cinéma.

Women Talking
© Prod.

Women Talking

Le visage marqué d’une balafre, Frances ­McDormand (productrice du film) ouvre le récit, entourée de Rooney Mara et Claire Foy en sœurs meurtries, de matriarches plus âgées et de très jeunes filles qui tressent leurs cheveux ensemble pour ne pas être séparées. Ces femmes se réunissent pour décider si elles doivent quitter leur communauté mennonite (des chrétiens baptistes qui vivent en autarcie) qui a permis l’organisation de viols collectifs par leurs hommes et maris, prétextant qu’il s’agissait du ­diable. La grande force du film de Sarah Polley (adapté d’un roman de Miriam Toews, lui-même inspiré d’un fait réel et validé par Margaret Atwood) est de ne pas montrer les agressions, mais leurs conséquences à la fois traumatiques et émancipatrices. Car ce que ces femmes vont réinventer durant deux jours, c’est la démocratie qui jusque-là leur a été refusée. De ces violences ressurgissant par flashs ensanglantés, le film tire une utopie collective de libération de la parole et du corps des ­femmes à travers l’amour, le soin et le langage, afin de redéfinir le monde du point de vue féminin. Beau ­programme pour les Oscars, et pour l’avenir. - J.G.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous


*** Réalisé par Sarah Polley. Avec Rooney Mara, Claire Foy, Frances McDormand - 105’.

Radio Metronom

Bucarest, 1972. Dans la Roumanie cadenassée de Ceausescu, un groupe de jeunes étudiants résiste en écoutant de la ­musique rock qui passe sur la radio libre de Cornel Chiriac (journaliste assassiné en 1975), interdite par la dictature communiste. Prix du meilleur réalisateur à un Certain Regard à Cannes, Alexandru Belc filme la naissance de l’amour (entre Ana et Sorin, qui doit s’exiler en Allemagne) autant qu’il rend hommage à une jeunesse en résistance. Ample et précis, le film réussit le portrait amoureux d’une jeune fille déchirée, qui va trouver son indépendance au cœur même de la violence d’État. Fort. - J.G.


*** Réalisé par Alexandru Belc. Avec Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov - 102’. 

Le pire voisin au monde

Otto Anderson (Tom Hanks) est un vieux grincheux qui veille à ce que rien ni personne ne vienne troubler l’ordre établi dans le lotissement où il réside. Sans raison de vivre depuis la mort de sa femme, il décide d’en finir, mais est dérangé dans son suicide par l’arrivée de nouveaux voisins, un jeune couple et leurs deux enfants. Cette histoire rappelle A Man Called Ove, très beau film suédois nominé aux Oscars en 2017, lui-même adapté de l’énorme best-seller Vieux, râleur et suicidaire - La vie selon Ove. Allergiques aux films non anglophones, les Américains sortent ce remake fort semblable à l’autre version et donc sans surprise. Pourtant, malgré quelques longueurs et un ton qui force parfois trop vers le mélo, on se surprend à s’attacher aux personnages. Et ce, grâce à un récit qui parle de comment retrouver goût à la vie en aidant son prochain. Un propos universel porté avec tendresse par le toujours convaincant Tom Hanks et la solaire actrice mexicaine Mariana Treviño. - O.C.


** Réalisé par Marc Forster. Avec Tom Hanks, Mariana Treviño - 127’.

Un homme heureux

Lorsque la comédie mainstream fait entrer la transidentité chez des notables de province (Jean est maire d’une petite ville très à droite, Édith est son épouse soumise), on craint les gros sabots sur la transition de genre pour les nuls. Certes, le scénario n’y va pas de main morte (“Je suis un homme”, balance froidement Catherine Frot à Luchini), mais au moins le film n’a pas peur de son sujet (Édith devenant Eddy avec groupes de parole sur la transidentité) et donne surtout l’occasion à deux grands acteurs comiques de se réinventer au-delà des genres, dans un esprit carnavalesque étonnamment romantique. - J.G.

** Réalisé par Tristan Séguéla. Avec Fabrice Luchini, Catherine Frot, Philippe Katerine - 89’.

The Inspection

Au début des années 2000 dans le New Jersey, un jeune Américain gay qui sort de cinq ans de galère (qu’on ne verra pas) décide de s’engager dans les Marines pour ne plus être “une pédale sans abri à qui sa mère refuse de parler”. Porté avec grâce par Jeremy Pope (découvert dans la série Hollywood) en jeune homme ­torturé par son désir pour les hommes autant que par l’exclusion dont il est victime au sein du groupe, le film évite de justesse le mélo trop appuyé en laissant place à une solidarité masculine inattendue, et offre une version queer et inclusive de l’héroïsme à l’américaine. - J.G.


** Réalisé par Elegance Bratton. Avec Jeremy Pope, Gabrielle Union, Raul Castillo - 100’.

Mayday

Jean-François Richet s’est fait connaître par le diptyque sur Mesrine avec Vincent Cassel et L’empereur de Paris avec le même Cassel dans le rôle de Vidocq. Le voici aujourd’hui aux ­commandes du nouveau film d’action avec Gerard Butler, Bruce Willis des temps modernes. Ne boudons pas notre plaisir: cette histoire d’avion de ligne traversant une tempête qui doit atterrir en catastrophe sur une île aux mains de rebelles est une bonne surprise. Série B sans message mais aussi sans autre prétention que celle de clouer le spectateur dans son siège, ce Mayday est à déconseiller aux personnes qui n’aiment pas l’avion. - E.R.


** Réalisé par Jean-François Richet. Avec Gerard Butler, Mike Colter, Yoson An, Tony Goldwyn - 108’.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité