La Petite Sirène, Transfusion, Disco Boy... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) cette semaine

La rédaction a sélectionné pour vous les nouveaux films à ne pas manquer... ou à éviter cette semaine au cinéma.

Petite Sirène
© Prod.

La Petite Sirène ***

Au large d’une île fictionnelle des Caraïbes, dans un XIXe idéalisé (l’esclavage n’existe pas, le racisme non plus) règne Triton le roi de l’Océan (Javier Bardem), entouré de ses sept filles. Elles ne peuvent communiquer avec les humains qui ont causé la mort de leur mère. La plus jeune, Ariel (Halle Bailey) y vit indépendante et aventureuse, désireuse de connaître cet autre monde. Un soir de tempête, elle sauve le prince Éric (Jonah Hauer-King) d’un naufrage et la ballade commence, après que la jeune fille a accepté un pacte avec la sorcière Ursula qui la transforme en humaine à condition qu’elle perde sa voix et que le prince tombe amoureux d’elle. Trahie par la sorcière, Ariel va devoir se sauver, entourée de ses amis Polochon, Eurêka et du crabe Sébastien. Du récit du poète danois Hans Christian Andersen paru en 1835, Disney avait déjà tiré un film animé largement édulcoré (exit l’amour sans retour du prince ou le suicide final de la sirène) mais réjouissant.

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Sans entrer davantage dans les débats sur les couleurs de peau, que vaut vraiment le film de Rob Marshall? On se réjouit d’abord de (re)découvrir Melissa McCarthy, colossale en grande méchante sorcière-pieuvre aux allures de reine de la nuit (les scènes où elle apparaît sont toutes électriques). On adore Sébastien dans la nouvelle version reggae d’Embrasse-la qui inclut la notion de consentement, le rap d’Awkwafina et tous les looks d’Ariel, mais on regrette une chose… Le mythe du prince charmant semble toujours tenace et on aurait aimé un prince Éric un peu plus “déconstruit”, voire moins sage. Enfin, on ne peut s’empêcher de se demander ce que penserait Andersen de l’adaptation de son œuvre, lui qui voyait dans ce conte transgressif et douloureux le miroir de son amour impos­sible pour un jeune homme de la bonne société danoise. Mais ceci est une autre histoire… - J.G.

Retrouvez notre rencontre avec l'équipe du film dans notre nouveau numéro : "Vous n'imaginez pas le nombre de lettres que je reçois, d'enfants bouleversés"

*** Réalisé par Rob Marshall. Avec Halle Bailey, Melissa McCarthy, Jonah Hauer-King, Javier Bardem - 135’. 

Disco Boy ***

De la chanson d’Édith Piaf au cinéma de Claire Denis (Beau travail, 2000) ou au récent film de Rachel Lang, la Légion étrangère est un territoire de fantasmes. Parce qu’elle accueille des hommes en rupture d’identité et leur promet la nationalité française, elle fouille la géographie intime des êtres comme des paysages. Le cinéaste italien Giacomo Abbruzzese se réapproprie l’imagerie du légionnaire à travers le parcours d’Aleks (magnétique Franz Rogowski, sorte de ­Joaquin Phoenix autrichien qu’on adore dans les films de Christian Petzold), un jeune Biélorusse qui intègre la Légion et se trouve confronté aux mouvements révolutionnaires du delta du Niger. Le film monte en puissance à mesure que l’esprit d’Aleks se confond avec celui d’un combattant noir assassiné, et assume des doubles points de vue à la fois périlleux et hypnotiques. Expérimental et électrique (sur une musique de Vitalic), Disco Boy suit la transmutation d’un homme en lui-même, assumant que nous ­sommes tous faits de métamorphoses. Audacieux même si imparfait. - J.G.


*** Réalisé par Giacomo Abbruzzese. Avec Franz Rogowski, Morr N’Diaye, Lætitia Ky - 91’. 

Plan 75 ***

Certaines dystopies se parent des atours d’une réalité quasi documentaire pour rendre leur propos encore plus percutant. C’est le cas de Plan 75. Chie Hayakawa décrit une situation imaginaire, mais les curseurs de sa fiction sont si proches de ce que nous connaissons qu’on en ressort d’autant plus secoué. Il nous plonge dans un Japon dont l’équilibre économique est menacé par le vieillissement de la population et qui, comptant sur le sens du sacrifice de ses citoyens, crée un programme d’euthanasie destiné aux plus de 75 ans. Avec une inquiétante et infinie douceur, il nous décrit un monde cynique, voué à la consommation et incapable de réserver à ses aînés une fin digne. Glaçant! - E.R.


*** Réalisé par Chie Hayakawa. Avec Chieko Baishô, Hayato Isomura, Stefanie Ariane, Taka Takao - 113’.

Transfusion °

On est sortie atterrée de ce film d’action porté par Sam Worthington (Avatar), tant les incohérences humaines plombent un scénario qu’on dirait écrit par ChatGPT. Le film se présente comme la dérive et le come-back d’un sniper de retour d’Irak qui multiplie les décisions absconses après la mort de sa femme (enceinte, qui plus est). Mais sans aucun recul sur son héros, le film ne nous épargne rien (l’ex-sniper qui apprend à son fils à tirer comme papa, le retour d’un vieux collègue qui propose des sales coups…) pour finalement masquer la seule morale à l’œuvre: les armes c’est bien. Qu’on nous permette de la rejeter en bloc. - J.G.


° Réalisé par Matt Nable. Avec Sam Worthington, Phoebe Tonkin, Matt Nable - 101’. 

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