

D’elle on connaît des comédies romantiques qui n’en sont pas, ou alors dans le vrai sens du terme, infusées de mélancolie douce et d’errance sociale (En avoir ou pas, À vendre, Love me, tous avec Sandrine Kiberlain). Inspirée ici par Les Américains de Robert Frank, une traversée photographique de l’Amérique des années 1950, Lætitia Masson compose un film “comme des notes, des fragments de portraits sur des personnages marqués par la solitude, l’humiliation, le rejet”, confie-t-elle lorsqu’on la rencontre aux journées UniFrance en janvier dernier.
Tandis que le climat se déglingue, provoquant de brusques coups de froid et des évanouissements subits, le film se tisse de coups de foudre autour de cinq couples inattendus: Benjamin Biolay en musicien célèbre bouleversé par Nora Hamzawi en travailleuse sociale, Cédric Kahn retrouvant le cœur en miettes son ancien grand amour (sublime Élodie Bouchez), Nicolas Duvauchelle (impressionnant) en vigile en rupture ou Laurent Stocker en militaire décadent. “Ma génération est co-responsable de ce possible effondrement que nous traversons. J’ai voulu faire un film sur la rencontre essentielle, où l’autre n’est pas une menace mais la promesse d’un sauvetage”, dit la cinéaste. Lætitia Masson signe un film à la beauté impressionniste et secrète, parfois suffocante, où le tableau des Nymphéas de Claude Monet semble être le seul refuge.
*** Réalisé par Lætitia Masson. Avec Benjamin Biolay, Nora Hamzawi, Nicolas Duvauchelle, Clémence Poésy - 112’.