Un coup de maître, Strange Way of Life, Reality... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) cette semaine au ciné

La rédaction a sélectionné pour vous les nouveaux films à ne pas manquer... ou à éviter cette semaine au cinéma.

Strange Way of Life
© Prod.

Reality ****

En 2017, Reality Winner, linguiste et vétéran de l’US Air Force, est interrogée par deux agents du FBI à son domicile. Pour avoir informé les médias du rôle de la Russie dans l’élection de Trump en 2016, elle sera condamnée à la plus longue peine de prison jamais prononcée aux USA pour divulgation d’informations gouvernementales. Un sujet qui a doublement intéressé Tina Satter, d’abord au théâtre avec Is This A Room en 2019, ensuite au cinéma avec Reality. Satter se base sur les échanges entre Winner et les agents du FBI pour dialoguer ses adaptations. Un procédé qui permet de peser la portée de chaque parole, de chaque question, sur le destin de Winner et de la démocratie américaine. Étrange, subtil, fascinant et malsain, le film souligne une fois de plus l’énorme talent de Sydney Sweeney (vue dans Euphoria). - A.M.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous


**** Réalisé par Tina Satter. Avec Sydney Sweeney, Josh Hamilton - 82’.

Un coup de maître ***

Remake d’un film argentin, Un coup de ­maître raconte d’abord l’amitié compliquée entre Renzo Nervi (Bouli Lanners), peintre qui n’a plus la cote et se saborde quand la tête de son client ne lui revient pas, et le galeriste qui le représente, Arthur Forestier (Vincent Macaigne). Mais on trouve aussi, et c’est l’intérêt de cette comédie dominée par un Bouli très à l’aise dans le rôle, une peinture acerbe du milieu de l’art, entre les galeristes qui font la pluie et le beau temps, les critiques qui se prennent pour des ­artistes et un marché où ce n’est pas la ­qualité des œuvres qui prime mais leur capacité à correspondre aux modes. - E.R.

À lire aussi : Notre interview de Bouli Lanners : "Mon vrai truc, c'est la peinture"

*** Réalisé par Rémi Bezançon. Avec Bouli Lanners, Vincent Macaigne - 95’.

Strange Way Of Life ***

Qu’est-ce que deux hommes ont à faire ensemble dans un ranch? La question hantait les cow-boys amoureux de Brokeback Mountain (2005), western culte (et gay) confié à Ang Lee après qu’Almodóvar eut trop longtemps hésité à le réaliser. Avec ce court-métrage (qui suit La voix humaine avec Tilda Swinton, autre court réalisé en confinement), le cinéaste de Douleur et gloire y répond enfin dans Strange Way Of Life. Dans les décors d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone au sud de l’Espagne, on assiste aux retrouvailles de Jake et Silva, anciens mercenaires travaillés par les regrets, vingt-cinq ans après avoir vécu une brève passion physique. Face à eux surgit un dilemme, puisque Jake devenu shérif (Ethan Hawke) est bien décidé à arrêter le fils de Silva (Pedro Pascal vu dans Narcos et The Last Of Us) impliqué dans un féminicide.

Entre violence, passion et dernière nuit d’étreinte, les deux cow-boys vont devoir affronter leur désir profond: et si deux hommes dans un ranch étaient faits pour prendre soin l’un de l’autre? Bien plus que le sexe, l’intimité entre hommes apparaît ici comme une ultime forme d’amour. Pedro Almodóvar se réapproprie l’imaginaire du cow-boy (avec panoplie fétichiste créée par Anthony Vaccarello, le directeur artistique de la maison Saint Laurent qui produit le film) et joue avec les codes du genre, tout en repoussant les limites de la virilité. - J.G.

Retrouvez notre interview de Pedro Almodóvar dans notre nouveau numéro

*** Réalisé par Pedro Almodóvar. Avec Ethan Hawke et Pedro Pascal - 31’.

Passages ***

C'est un cinéaste américain qui revisite le cinéma français, les films de café dans Paris et les trios amoureux à la Jules et Jim, le tout mâtiné d’ultra-réalisme à la Pialat. Très inspiré, Ira Sachs plonge ses acteurs - Franz Rogowski, Ben Wishaw, Adèle ­Exarchopoulos - dans un triangle électrique et très moderne où une jeune femme tombe amoureuse d’un metteur en scène à la ­personnalité narcissique et en couple avec un homme. Le film traque les méandres du désir avec des acteurs qui osent pousser loin les scènes de sexe (homo ou hétéro). Un film brillant sur des êtres qui s’aiment trop fort pour ne pas se perdre. - J.G.


*** Réalisé par Ira Sachs. Avec Franz Rogowski, Adèle Exarchopoulos - 92’.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité