Dans "Poor Things", Emma Stone refait son éducation sexuelle en mode Frankenstein

Emma Stone explose les carcans hollywoodiens de la pudeur dans "Pauvres créatures", un Frankenstein au féminin qui a fait évènement vendredi en compétition à Venise, où elle incarne une créature candide qui fait son éducation sentimentale et sexuelle.

Poor Thing Emma Stone
© AFP
En compétition vendredi pour le Lion d'or, ce nouveau film du grec Yorgos Lanthimos avec la star américaine pourrait taper dans l'oeil du président du jury Damien Chazelle.
Emma Stone, qui a obtenu l'Oscar de la meilleure actrice dans son film le plus connu, "La la land", y est en effet de tous les plans. Amie du réalisateur grec, elle est aussi la productrice du film. L'actrice n'a pas pu faire le déplacement à Venise, en raison de la grève qui paralyse Hollywood et interdit aux acteurs de faire la promotion des films.
Porté par le succès de la comédie noire du XVIIIe siècle "La Favorite", Lanthimos, dans un univers plus baroque que jamais, a choisi dans ce film fantastique d'entourer Emma Stone d'acteurs comme Willem Dafoe ou Mark Ruffalo. Stone incarne Bella, une chimère au corps de femme adulte mais au cerveau de bébé, fabriqué par un obscur scientifique qui se fait appeler "Dieu", Godwin Baxter (Willem Dafoe).
Baxter veille jalousement sur sa créature, qu'il entend élever à l'abri des passions amoureuses, dans sa vaste maison laboratoire de Londres.Quand Bella s'échappe de sa cage dorée au bras d'un homme (Mark Ruffalo) pour parcourir le monde, de Lisbonne à Paris en passant par Alexandrie, elle va découvrir tout en même temps, et sans aucun préjugés, le plaisir, le sexe et les sentiments.

Pas un film prude

Ses relations avec des hommes, notamment dans un bordel parisien -l'occasion d'apparition d'acteurs français comme Damien Bonnard- sont autant de façons d'apporter des touches humoristiques, ou de pointer les rapports de domination.
Le personnage a "un esprit qui peut se lancer librement, sans honte ni préjugés, sans expérience du monde", a souligné le réalisateur Yorgos Lanthimos à Venise. Cet univers fictionnel, aux allures rétrofuturistes est en fait "extrêmement contemporain, (et permet de) parler de liberté, de la façon dont on ressent le monde, de la position des femmes dans la société, et des hommes", a-t-il ajouté.
L'éducation sexuelle de Bella Baxter est montrée sans fard: "c'était important pour moi de ne pas faire un film prude, car ça aurait été trahir le personnage principal", a souligné le réalisateur. "Le personnage n'a pas de honte, ni Emma (Stone), sur son corps, sa nudité", a-t-il ajouté, soulignant avoir fait appel à un coordinateur d'intimité pour les scènes de sexe, un métier assez nouveau qui à l'origine "semblait un peu menaçant pour les cinéastes, mais (qui) rend les choses plus simples".
Habitué de Cannes et de Venise, réalisateur au style sombre et étrange reconnaissable entre tous, Yorgos Lanthimos ("The Lobster", "Canine") tourne régulièrement en anglais avec des stars américaines et forme désormais un couple créatif bien établi avec Emma Stone. Le réalisateur avait obtenu en 2018 le prix du Jury à Venise pour "La Favorite", dans lequel elle jouait également aux côtés d'Olivia Colman et Rachel Weisz.

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