Retour aux origines

Un ptérodactyle géant déployant ses ailes rouges,  des œufs, géants eux aussi, un squelette de dinosaure, des fossiles, les fanons d’une baleine, le tout plongé dans une atmosphère tamisée... Serait-on dans un muséum des sciences naturelles? A les regarder de plus près, nous devinons bientôt que ces ossements sont recouverts de cuir étiré. Et que les œufs, gravés, sont en terre cuite. Clairement, le bestiaire et le minéral qui se sont donné rendez-vous ici participent d’un étrange monde imaginaire. Celui-ci plonge ses racines dans les travaux de Vincent Glowinski, longtemps mieux connu sous le pseudo de Bonom, star du street art, bombant la nuit de drôles d’animaux sur la grisaille des façades bruxelloises.

Sorti désormais de l’anonymat, Glowinski, déja créateur d’une forêt sauvage dans les serres du Bota, questionne, dans cette expo intitulée Mater Museum, la notion des origines. Ce qui l’amène à revisiter les siennes et à invoquer sa mère, l’artiste française Agnès Debizet, dont les séries de sculptures, toujours en croissance, se serrant les unes aux autres comme des forêts de terre dans l’atelier et la cour de la maison à la campagne, l’ont toujours interpellé. A l’argile, Vincent, lui, a pourtant préféré la légèreté du cuir, de la peau qui recouvre, mue, se transforme.  C’est en somme une histoire de filiation qui se joue dans l’expo bruxelloise, une histoire à laquelle Glowinski reconnaît être devenu encore plus sensible depuis la naissance de sa propre fille. Entre la terre cuite de la mère et les cuirs du fils, l’on ressent à travers cette flamboyante mise en scène une mystérieuse beauté, beaucoup d’émotion, un rien d’inquiétude, et aussi une fine pointe d’humour. Un très beau livre (CFC-Editions), où mère et fils se répondent, accompagne ce troublant face-à-face. 

> MATER MUSEUM, jusqu’au 17/4. Botanique, Bruxelles. www.botanique.be