

Anne Sinclair a beaucoup parlé. Toute la journée. “Je crois que je vais bientôt perdre ma voix”, dit-elle en demandant très gentiment au serveur de la sauver. Un verre d’eau pour mon empire. Cet “empire” que l’on connaît bien de face - ses années 7/7, son soutien à Dominique Strauss-Kahn, sa direction du Huffington Post français -, que l’on devine en coulisses, dans des couloirs surchargés de tableaux à la valeur inestimable. Héritière de Paul Rosenberg, marchand d’art et ami de Picasso, Anne Sinclair tiendra demain une conférence de presse et ce soir, elle fera le discours d’inauguration de l’expo 21, rue La Boétie, inspiré de son livre, portrait impressionniste de son grand-père.
En attendant, celle dont on a autant vanté l’aura professionnelle que le regard laser prend le temps de nous raconter comment Paul Rosenberg impose - à Paris, à Londres et à New York - un métier qui va faire sa fortune et celle des artistes qu’il représente - Picasso, bien sûr, Matisse, Braque, Léger, tous représentés dans l’expo de Liège. Signe des temps, à part Marie Laurencin, il n’y avait pour ainsi dire pas de femme dans l’écurie Rosenberg. “Sur le marché, il n’y en a toujours pas beaucoup”, réplique Sinclair. À la tête d’une impressionnante collection, menacé par les nazis, Rosenberg sera contraint de s’exiler aux États-Unis. “C’est comme une nouvelle naissance, reprend la journaliste, émue à l’idée de raviver la mémoire de celui qui a flairé pas mal des tendances du XXe siècle.. Voir la photo de mon grand-père au musée de la Boverie - lui qui a tellement fréquenté et aimé les musées - et savoir qu’un musée lui consacre une exposition, il aurait été fou de bonheur.”
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