
L'œuvre sculpté de Picasso à Bozar

Femme assise, la première petite sculpture réalisée par Picasso en 1902 ressemble à un santon. Elle est modeste, voire un peu gauche. Pablo Picasso a alors 20 ans. C’est déjà un grand peintre, dont la prolifique carrière picturale occultera son œuvre sculpté. Pourtant, dès 1902, celui-ci continue à s’enrichir résolument, avec par exemple dès 1905 Le fou, puis Tête de femme (Fernande) aux traits ciselés ou encore La femme se coiffant, toutes œuvres visibles à Bozar. De toute évidence, Picasso, le sculpteur, d’abord marqué par le style robuste de l’incontournable Rodin, apprend et évolue vite. Surtout après la découverte, au Salon d’automne en 1906, à la fois du travail de Paul Gauguin - un choc! - et des arts d’Afrique et d’Océanie qu’il commence à collectionner et dont l’on découvre à Bozar certaines pièces au cœur d’un parcours chronologique rassemblant dans une scénographie dépouillée pas moins de 80 sculptures réalisées par l’immense peintre, des Demoiselles d’Avignon et de Guernica.
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Une œuvre sculpté moins visible
La sculpture, part importante du travail de l’artiste (au total, sept cents originaux répertoriés), reste pourtant bien moins connue du public, “y compris d’un public averti” précise Cécile Godefroy, commissaire avec Virginie Perdrisot de l’exposition. La raison de ce décalage? “Si la sculpture était vitale à Picasso, et faisait partie de son quotidien, il n’aimait pas se séparer de ses créations, qui l’environnaient dans son atelier, ses différentes habitations, ses jardins. Il n’aimait pas les prêter, y compris aux fondeurs qui avaient pour mission de travailler vite… et bien!”
Une inventivité sans entrave
Du coup, son œuvre sculpté a fait l’objet de moins d’expos rétrospectives que sa peinture.“Malgré cette moindre visibilité, Picasso compte néanmoins parmi les sculpteurs les plus importants du XXe siècle” précise la commissaire. N’ayant pas reçu de formation académique dans cette discipline, Picasso, libre de tout dogmatisme, fait très vite preuve en effet d’une créativité et d’un dynamisme inédits en la matière, refusant de se laisser enfermer dans le moindre carcan. C’est cette extraordinaire liberté, cette inventivité sans entrave, que met brillamment en lumière l’expo bruxelloise, dernière étape d’une triple démarche entamée au MoMa de New York, puis au Musée Picasso de Paris, dont sont issues la grande majorité des pièces exposées.
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PICASSO. SCULPTURES, jusqu’au 5/3/2017. Palais des Beaux-Arts (Bozar), rue Ravenstein 13, 1000 Bruxelles. www.bozar.be