DSK au bal des prévenus

Le procès du Carlton comme il fallait le voir. Avec les dessins de François Boucq et les mots de Pascale Robert-Diard

illu_029_mosimm6

L’association de ces deux substantifs, "procès"  et "Carlton", crée une image mentale immédiate pour qui s’est intéressé à l’actualité de ces derniers mois. Une image aux ingrédients puissants et sulfureux: pouvoir, sexe et violence. La journaliste du Monde et l’auteur de Little Tulip ont uni leurs forces pour rendre ce procès lisible, et palpitant.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

C’était donc début février de cette année. Dominique Strauss-Kahn et treize autres prévenus comparaissent pour proxénétisme aggravé. Des milliers de spectateurs se passionnent, abreuvés par des médias déchaînés. Trois semaines d’une intense tragicomédie humaine, tenant autant de Zola que d’Audiard, qui a tout pour plaire: de puissants nantis qui se paient des frissons tarifés et polissons sur le dos des pauvres. Comme dans toute tragédie qui se respecte, l’ouverture a tout dit, à travers les mots du chef d’orchestre, le président du tribunal correctionnel de Lille: "le tribunal n’est pas le gardien de l’ordre moral".

Le cadre est tracé, les limites aussi.

Au final, avec un dossier très fragile, la justice aura été rendue, ne cédant pas à la vindicte populaire. Cette baudruche difforme, gonflée par les médias et la curiosité morbide, se dégonflera pour accoucher d’une relaxe envers l’ex-patron du FMI, et des peines légères pour les treize autres. Laissant au final un goût sans doute amer, mais digne, de justice imperméable à l’envie d’en découdre du bon peuple. Il fallait la distance de la plume et l’intelligence du marqueur pour extraire cette sale affaire de la boue malodorante et en tirer la substance, quasi romanesque, du recul.

Les mots claquent juste: à la fois dramatiques et maîtrisés. Et le dessin ne trahit pas la réputation de Boucq, croquant sur le vif prévenus, avocats et témoins avec gourmandise, plaisir et justesse. A quatre mains, ils ont donné plus de vie à ce spectacle que ne l’auraient fait 12 caméras en direct. C’est bien connu, au bal des prévenus, on se déculotte, mais grâce à ce livre, il en restera autre chose que la honte. - S.T.

 

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité