Première polémique de la rentrée littéraire

Le livre parait le 19 août et il est annoncé comme l'un des romans phares de l'automne. La plainte déposée contre son auteur l'aide déjà à se positionner en pole position dans cette course hystérique qu'est la rentrée littéraire parisienne. Eva de Simon Liberati retrace l'itinéraire d'Eva Ionesco, épouse de l'écrivain, personnage célèbre pour avoir posé devant l'objectif de sa mère, Irina Ionesco, qui en avait fait une enfant objet, livrée au regard de tous dans des tenues et des poses érotiques qui, dans les années 70 et les années 80, ne soulevaient pas les mêmes questionnements qu'aujourd'hui. Gothiques, morbides, sexuelles, les photos d'Irina Ionesco ont toujours été considérées comme de l'art... Sauf que, sortie de cette aventure, la petite Eva - que sa mère a photographiée entre 4 et 12 ans - a dévié sur l'alcool et la drogue avant de vouloir récupérer sa dignité et son droit à l’image. D’où le procès qu'elle a intenté afin de bloquer la diffusion et la vente d'images la mettant en scène.
 
Eva Ionesco a déjà raconté ce parcours inédit dans un film qu'elle a réalisé - Little Princess avec Isabelle Huppert dans le rôle de la photographe. Cela n'a pas empêché son époux d'écrire ce livre auquel Irina Ionesco s'oppose aujourd'hui. Certes le portrait que Liberati (prix Fémina pour le formidable Jayne Mansfield 1967) fait de sa belle-mère n'est pas des plus tendres... A 85 ans, Irina Ionesco a déposé plainte pour atteinte à la vie privée, le roman de Liberati dévoilant les détails de sa vie amoureuse, de son patrimoine, etc. Alors que le livre est déjà imprimé à 15.000 exemplaires et s'apprête à être livré en librairies, l'avocat d'Irina Ionesco réclame la suppression de tous les passages la concernant. Chez Stock, l'éditeur de Simon Liberati, on parle de déjà de la "mort du livre", même si la décision du juge ne tombera que demain, vendredi 7 août.