Tac au tac avec Alain Berenboom “Je ne peux pas vous répondre”

Il publie Clandestine, roman qui mixe espionnage, Russie, Bruxelles, séjour illégal et métier d’avocat.

Alain Berenboom ©BelgaImage
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Dans votre roman, Clandestine, un avocat bruxellois défend les intérêts d’une femme russe qui s’est évadée d’un centre de détention pour éviter l’expulsion vers son pays. Au début du livre, elle dit: ”Bureaucratie belge. Pire qu’en Russie”. C’est vrai?

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Je pense que nous vivons dans un pays de plus en plus étouffé par les lois qui se superposent et n’annulent pas les précédentes. Un régime bureaucratique où tout est bloqué par la lenteur des décisions. On en a d’ailleurs un exemple pour le moment: Olivier ­Vandecasteele. L’inaction du gouvernement est due à un recours devant la Cour constitutionnelle qui met un temps infernal à rendre compte de sa décision. Pendant ce temps, ce type se meurt en prison…

Cette femme menacée d’expulsion raconte qu’elle a travaillé avec Poutine. Vous écrivez: ”Iulia se laissa prendre à son jeu, à la gentillesse de Poutine, à sa simplicité et à son charme”. Poutine est-il gentil, simple et charmant?

En tout cas, c’est l’image qu’il a donnée pendant longtemps. En 2005, quand il se fait réélire, tout le monde est d’accord pour dire que cette élection est légitime. À ce moment-là, il y a un vrai souffle autour de Poutine - et pas seulement chez les Russes… Les ­Européens étaient convaincus qu’avec Poutine, il y avait beaucoup de choses à faire - notamment du business.

Vous êtes un avocat connu et reconnu. Pourquoi avez-vous voulu être aussi un écrivain?

(Silence.) Je pense que j’ai voulu être écrivain avant d’être avocat… J’ai publié assez tard, mais j’écris depuis que je suis très jeune, et je n’ai jamais cessé d’écrire. C’est un besoin… Un besoin que je ressens de m’exprimer, un besoin guidé, peut-être, par ma timidité personnelle et par l’envie de fabriquer autour de moi un cercle de personnages - moi qui suis fils unique dans une famille qui a été complètement dispersée par la Seconde Guerre mondiale. J’avais besoin de me reconstituer une famille…

Vous êtes timide? C’est complètement contradictoire avec l’idée qu’on se fait du métier d’avocat… 

On pense que les avocats sont des grandes gueules… Oui, mais ce sont les avocats d’assises qui font des effets de manches. Moi, je fais du droit d’auteur et du droit de la presse, et donc on ne plaide pas beaucoup, on est plutôt dans des échanges plus feutrés.

Encore aujourd’hui, vous êtes un homme timide?

Effectivement… Parfois, j’ai un côté grande gueule, je le reconnais, mais c’est une expression de ma timidité.

Dans quelle mesure l’écrivain s’immisce dans le travail de l’avocat, et inversement?

L’écriture est essentielle, donc je soigne mon écriture juridique - même si les deux métiers ne s’interpénètrent pas. Je ne me suis jamais servi de détails rencontrés dans mon métier d’avocat pour écrire mes fictions.

Jamais?

Non, il y a un mur entre mon métier d’avocat et mon travail de romancier.

Quelle déontologie!

Je pense qu’il est très difficile de faire de la fiction en la mêlant au réel.

Comme votre personnage, avez-vous déjà été séduit par une cliente?

(Rire.) Sur le plan déontologique, je ne peux pas vous répondre. Mais dans notre métier, on rencontre des personnalités intelligentes et séduisantes.

Comment va le roi Albert II?

Aux dernières nouvelles, il est en pleine forme. La reine Paola aussi…

Clandestine, Genèse, 242 p.

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