
Dany : "Dans la plupart de mes blagues, ce sont les hommes qui sont ridicules, jamais les femmes"

Comment faites-vous pour rester si jeune à 80 ans?
Ça commence bien! (Rire.) C’est peut-être grâce à la passion. La passion de ce que je fais, de ce que je vis. Et beaucoup de chance de ne pas avoir trop de problèmes de santé… Votre question est gentille, mais parfois, je ressens quand même le poids des années et un peu de fatigue qui me rappelle l’âge que j’ai.
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Où vivez-vous?
À Liernu, à vingt kilomètres de Namur et à deux du BW…
Où aimeriez-vous vivre?
Sur la côte amalfitaine. C’est l’un des endroits les plus merveilleux que j’aie vus. Le paysage, les gens, l’histoire… Tout est magnifique là-bas.
Vous publiez un livre de croquis de voyage en Afrique… Vous faites un peu votre Corto Maltese…
(Rire.) Oui, chez Corto, j’aime cette décontraction et sa curiosité. Corto est un héros, mais il ne s’intéresse qu’à ce qu’il voit et à ceux qu’il rencontre.
Quelle est votre philosophie du voyage? Quel sens cela a d’aller voir le monde?
En voyage, je suis davantage moi-même qu’autre part. Je fais abstraction de tout pour être totalement réceptif, comme une éponge. Évidemment, je ne vous parle pas de tourisme, je vous parle du ressenti personnel du monde.
Vous n’êtes pas un casanier…
Pas du tout, même si mon boulot est casanier puisque je travaille chez moi. Mais j’ai commencé à voyager tard, vers 16 ans. Enfant, je lisais beaucoup de récits de voyage et je râlais d’apprendre que des gens au XVIIIe siècle avaient fait le tour du monde, alors que moi, je n’étais pratiquement pas sorti de Belgique… Depuis, je me suis rattrapé, j’ai visité cent vingt-six pays.
Dans votre livre, vous évoquez souvent la gentillesse des gens…
Ça m’impressionne plus que l’agressivité. J’ai frôlé quelques problèmes, mais je n’en ai jamais eu de graves.
Qu’aimeriez-vous avoir dans votre caractère que vous n’avez pas et qu’ont ceux que vous avez croisés durant vos voyages?
Le sens de la résilience. Je ne comprends pas comment, devant certaines situations, les gens parfois ne se rebellent pas. J’ai beaucoup vu ça en Afrique… Là-bas, quand vous prenez un bus, on sait quand il part, on ne sait jamais quand il arrive… Parfois, le bus tombe en panne, et les gens s’installent patiemment au bord de la route pour attendre qu’il soit réparé… Comme le dit un ami africain: “Vous, vous avez les montres. Nous, on a le temps”.
Vous ne voyagez jamais en Suisse, au Luxembourg, au Liechtenstein?
Je n’ai pas de comptes là-bas, mais j’y ai des amis. (Rire).
Dans les années 90, vous avez publié plusieurs albums érotiques…
Non, des albums coquins! Des albums de blagues un peu lestes, mais les féministes ne peuvent pas m’attaquer sur ces gags car si elles prenaient le temps de les lire, elles verraient que, dans la plupart des blagues, ce sont les hommes qui sont ridicules, jamais les femmes. Comme dans la vie, quoi…
Oseriez-vous encore les publier aujourd’hui?
Pourquoi pas? Même si l’ambiance a beaucoup changé… Aujourd’hui, je pense que je choisirais mieux les thèmes, mais ce serait intéressant de refaire un de ces albums aujourd’hui à la lumière de toutes ces idées nouvelles, qui sont nécessaires bien sûr, mais il ne faudrait pas supprimer la liberté de rire.
CROQUIS D’AFRIQUE, Marc Carlot et Dany, Auracan, 128 p.