

Un verre noir cache son œil mort depuis la violente agression dont il a été la victime, il y a un an, le 12 août 2022. Douze coups de couteau. En vingt-sept secondes.
Salman Rushdie publie un nouveau roman, La Cité de la victoire (Actes Sud) : l’histoire d’une jeune Indienne qui, révulsée par la coutume qui veut que les épouses se jettent dans le bûcher funéraire de leur mari, se met en tête de bâtir, au XIVe siècle, un empire égalitaire entre les hommes et les femmes.
Son agression a fait naître une conviction profonde : il s’agit, aujourd’hui, de gagner la « bataille du récit » contre tous ceux qui, désormais, effacent et récrivent l’Histoire, de l’Amérique à la Russie, de l’Europe à l’Inde, pour imposer leurs vues et leur pouvoir sur les esprits. Il s’agit, aujourd’hui, de lutter pour que soit préservée la liberté d’expression menacée, pour lui, autant par la gauche que par la droite.
Il s’est remarié, en septembre 2021, avec la poétesse et romancière Rachel Eliza Griffiths.
Depuis qu’il a écrit les “Versets sataniques”, l’écrivain Salman Rushdie était menacé de mort. Il a donc vécu sous protection policière pendant 33 ans.
Salman Rushdie est né à Bombay en 1947, dans une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants. À 13 ans, il part étudier en Angleterre, où il sera plus tard anobli.
Le 14 février 1989, sa vie bascule, alors qu’il vient de publier les “Versets sataniques”. Ce jour-là, le guide suprême de la révolution islamique l’ayatollah Khomeiny, émet une fatwa contre lui pour blasphème. Sa tête est mise à prix.
“Les versets sataniques” parlent d’immigrés installés à Londres, de religion et de masse qui cède à l’intolérance.
Pendant près de dix ans, Salman Rushie a changé de domicile, vécu caché et sous protection. Il craignait pour sa vie et à raison. Son traducteur japonais est assassiné, et l’italien poignardé. Des commandos islamistes ont même exécuté l’imam de Bruxelles qui n’était pas d’accord avec cette fatwa.
En Occident, l’auteur devient le symbole de la lutte contre l’obscurantisme et pour la liberté d’expression. “Si vous croyez en la liberté d’expression, alors vous devez croire en la liberté d’expression que vous ne partagez pas. Si vous défendez seulement la parole qui correspond à vos propres valeurs, c’est de la censure.”