
Henri PFR: "On joue ma musique à Miami et à l’Ikea de Zaventem"

Il est partout. À vingt et un ans, Henri PFR explose les compteurs des sites de streaming avec ses singles deep house fédérateurs. Il vient de remplir l’Ancienne Belgique, ouvre la très attendue compilation Pure “Lazy Factory, Vol. 3” avec une version acoustique de son tube feel good Until The End et est sur le point de réaliser le rêve de tout DJ/producteur en se produisant à Tomorrowland. Tout en appréciant chaque seconde ce statut de “phénomène du moment”, le Bruxellois n’en garde pas moins les pieds sur terre. Loin des images clichés qui collent aux Converse des nouveaux princes du dancefloor, ce fils d’artistes (maman peint, papa sculpte) ne brûle pas la chandelle par les deux bouts, a une vision à long terme et aime… les rendez-vous matinaux. C’est à l’heure du petit-déjeuner
qu’il nous donne rendez-vous dans une librairie-resto bobo de Bruxelles.
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En quoi était-ce important de jouer à l’Ancienne Belgique?
HENRI PFR - Il m’est déjà arrivé de me produiredevant trente mille personnes en festival, mais c’est un tout autre challenge d’attirer du monde dans une salle de concert sur foi de son seul nom. Pour le fan de musique que je suis, l’Ancienne Belgique reste un temple. C’est ici que j’ai vu mon premier concert à l’âge de dix ans. Non seulement j’ai réussi à remplir l’A.B. (le 11 mars dernier - NDLR), mais j’ai pu aussi me rendre compte que j’avais une fausse idée de mon public. Je m’attendais à voir des jeunes de 14 à 20 ans. Mais j’ai aperçu aussi pas mal de quadras et des gosses. Un gamin de sept ans m’a demandé de dédicacer sa chaussure de foot. Il m’a dit que ça allait lui porter chance pour son match du lendemain.
Comment vous présentez-vous à ceux qui ne vous connaissent pas?
Quand mes parents reçoivent des invités et que la conversation tourne autour des enfants, ça donne à peu près ceci. Un adulte parle de son fils qui étudie la médecine à l’UCL, puis vient la question “Et toi, Henri, tu fais quoi?”. “Euh, moi je suis DJ/producteur professionnel…” Généralement, la question qui vient après, c’est: “Alors, ça veut dire que tu fais Tomorrowland?” C’est comme si tu ne devenais crédible comme DJ que si tu jouais à Tomorrowland. Heureusement, j’y suis programmé à deux reprises cet été.
Vous avez étudié le solfège pendant neuf ans. En quoi cette formation classique vous aide-t-elle aujourd’hui?
J’ai commencé le solfège à l’âge de six ans à Woluwe-Saint-Pierre. C’était une horreur. J’avais cours le mercredi matin et j’y arrivais en pleurs. Ma mère me jetait devant l’école et refermait la portière de la voiture à clef derrière moi pour être sûre que je ne revienne pas. Maintenant, je ne peux que la remercier de m’avoir forcé à maîtriser le solfège. Lire la musique me permet de la comprendre, de mieux découper les séquences d’une composition et d’en proposer des versions orchestrales. La plupart des morceaux que je compose naissent au piano. C’est au piano que je cherche mes lignes mélodiques avant de les reproduire dans mon clavier MIDI. Quand j’ai besoin de décompresser, j’écoute de la musique classique.
Que pensez-vous des DJ stars qui font semblant de mixer alors qu’ils n’utilisent qu’une clef USB en live?
Un DJ qui vient avec son mix tout fait dans sa clef USB, c’est comme Madonna ou Justin Bieber qui font du play-back en concert. Ça existe, bien sûr. C’est un choix. En pop comme dans l’électro, des artistes préfèrent mettre le visuel et le show en avant plutôt que la musique. Dans un festival comme Tomorrowland, les projections vidéo et les feux d’artifice sont programmés à l’avance, ces DJ ne veulent prendre aucun risque avec le live. Moi, je préfère mettre la musique en avant. Même si c’est hyperpréparé, je mixe tout en live. Ça me permet aussi de tenir compte des réactions du public. À l’Ancienne Belgique, il y avait une caméra qui filmait ce que je faisais derrière mon pupitre. Je joue notamment des claviers sur quelques morceaux.
Quel est l’endroit le plus insolite où vous ayez entendu l’un de vos morceaux?
Je me promène dans un centre commercial de Miami avec mon manager Tom lorsque je reconnais un de mes titres diffusé en musique de fond dans un magasin. Je passe dans la boutique d’à côté et j’entends un autre de mes remixes. On a fait le tour de tout le centre commercial et c’était pareil. En fait, tous les commerces étaient reliés à un seul iPod sur lequel était téléchargée l’une de mes mixtapes. On joue aussi mon titre Home et ma musique à l’Ikea de Zaventem.
L’album, c’est pour quand?
J’y pense, bien sûr, mais je ne me mets pas la pression. Balancer un truc sur YouTube et enregistrer un album long format, ce sont deux choses complètement différentes. Je ne veux pas me louper.
Votre agenda est rempli jusque quand?
Tout est planifié jusqu’en 2018. Et il y a une semaine de vacances prévue. Cool…
Le 07/07 aux Ardentes, le 11/08 au Brussels Summer Festival.