Scylla tombe le masque

Loin au-dessus de la mêlée, l’artiste bruxellois creuse son univers entre rap poétique et chanson française. Il sera au festival Esperanzah! le vendredi 4 août.  

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Préparez-vous à la grosse claque. Le 31 mars prochain, Scylla dévoilera sur scène et chez les disquaires (en ligne ou non) son nouvel album “Masque de chair”. Ce disque, nous l’avons découvert en primeur et c’est une merveille. Pour sa poésie, son utilisation particulièrement affinée de la langue française, ses atmosphères en clair-obscur, son climax qui noue les tripes et sa démarche atypique. Voilà en effet un artiste qui assume son background hip-hop mais en refuse les codes parfois tyranniques . Voilà un auteur qui touche à l’universel. Voilà un homme passionné de sons urbains qui relève le défi de construire les morceaux de ce deuxième disque (après “Abysses” en 2013) autour du piano du jeune virtuose Sofiane Pamart.
“J ai toujours aimé cet instrument, confie Scylla. De son côté, Sofian Pamart a une formation de pianiste classique, mais c’est aussi un fan de rap. Nous avons fait chacun la moitié du parcours pour nous rencontrer sur ce projet. Il y a des chansons du disque où la formule piano/voix se suffisait à elle-même. D’autres où nous l’avons enrichie de beats électro. Sur Qui suis-je? , qui ouvre “Masque de chair”, le Molenbeekois chante Je ne suis pas ce que je semble être” . “ Une manière de montrer ma différence, précise-t-il. En hip-hop, on est à fond dans l’ego trip. Ce n’est pas mon truc. J’ai toujours été mal à l’aise pour définir mon identité avec mon vrai nom, mon âge, des dates, des lieux ou des faits. Je préfère rester flou, m’inventer des vies antérieures et futures. J’ouvre des portes et des fenêtres vers le monde des possibles. Je donne des pistes sans asséner des vérités toutes faites.
Cette démarche singulière amène Scylla à s’imposer une discipline exemplaire dans l’écriture. Il évite soigneusement le name dropping, les lieux communs et les formules réductrices. Et même quand il se permet de délirer en freestyle (Chopin, Arrête tes couilles), ses textes ont du sens. Sur Vivre, plus belle chanson du disque avec Qui suis-je? et Enchanté, Scylla évoque avec le trémolo dans le flow sa mère disparue. Une mise à nu nécessaire pour rappeler qu’il n’y a rien de plus grand que l’amour filial. J’appréhende de la chanter sur scène mais c’est aussi une manière d’exorciser beaucoup de choses en moi.” Engrangeant 20 millions de vues sur Youtube et, comme souvent, bien plus reconnu en France qu’en Belgique pour sa plume, Scylla franchit un nouveau cap avec “Masque de chair”. Un must absolu.
 

Le 06/07 aux Ardentes, Liège.

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