
Esperanzah! 2017 : le jazz métissé de Gregory Porter

Pas de chichis côté jeu de scène. Ce concert doit autant à la voix du bonhomme qu’à sa personnalité. Il n’en manque pas, sous sa barbe fournie et son inséparable casquette avec cache-oreilles. Son jazz est métissé, glisse vers la soul, emprunte au gospel… Le Californien est aussi un peu crooner sur les bords quand il calme son swing. Crooner touchant même quand il entame « No love dying ». Et cet habitué des Grammy Awards est épaulé par un groupe qui sait y faire. Son contrebassiste aurait voulu inviter le public à un petit blind test qu’il n’aurait pas fait autrement, en glissant quelques notes de « Smoke on the water » dans son solo ! Et des solos, il y en aura encore d’autres, sax par-ci, batterie par-là.
De l’émotion dans la voix
Gregory Porter est un touche-à-tout. Qui conçoit aussi bien de travailler avec les frères dance de Disclosure (ils signent « Holding on ») que reprendre « Purple rain » à la télé avec Mumford & Sons, chanter sur la main stage de Glastonbury ou s’inspirer du Pape François pour écrire un nouvel album… Take me to the alley, l’album en question, sorti l’année passée, marque d’ailleurs dans les charts un retour qu’on n’avait plus connu depuis les cartons de Jamie Cullum !
L’Américain est cela dit moins remuant que son jeune confrère anglais. Mais s’il ne grimpe ni sur le piano ni sur l’orgue, cela n’enlève rien aux qualités de cette musique qu’il rend accessible au plus grand nombre. Et, comme il le disait dans une interview au Standard : « Je pense que ma voix véhicule une certaine émotion. Qui est en mesure de toucher les gens. Ma mère me le disait quand j’étais jeune. » A 45 ans, Porter s’offre parfois même un petit supplément de fantaisie : à Esperanzah aussi, il met un petit coup d’accélérateur dans le classique « Papa was a rollin’ stone » immortalisé par les Temptations ! « This is an amazing festival », conclut-il au bout d’une heure et quart.