

Avec son affiche à rallonge qui propose chaque année plus de 150 artistes répartis sur trois jours, une diversité des registres musicaux offerts sur les huit scènes du festival et un mélange plutôt homogène de têtes d'affiches et de découvertes, le Pukkelpop nous avait habitué à devoir faire des choix. À décider, l'âme en peine de rater tel groupe à la faveur d'un autre qui se produit à la même heure. Mais ça, c'était avant. La preuve avec le bilan de cette deuxième journée (sold-out) sur la plaine de Kiewit.
En matière de frisson -ou mieux, d'excitation- il a fallu gratter dans la programmation pour dénicher deux, trois noms porteurs d'engouement. Résultat des courses, au sein des mets proposés par le Pukkelpop ce vendredi, le menu propose en entrée une prestation du groupe Oh Wonder sur la Main Stage. Le duo Londonien effectue là sa toute première date au sein d'un festival belge et ne manque de marquer son enthousiasme. Malgré la pluie, malgré la foule clairsemée, Josephine et Anthony parviennent à décocher une bonne dose d'applaudissements. Un spectacle ponctué par des titres très doux pour ce début d'après-midi, comme Without You ou Ultralife, le tout égayé par une marée de k-way. De la couleur donc, de la délicatesse aussi, pour peu on se croirait dans une pub de lessive.
Le rendez-vous est pris avec Russ du côté de la Marquee, deuxième plus grosse scène du festival. Un chapiteau couvert qui a abrité les spectateurs de PJ Harvey la veille. Il est 15h55, autant dire l'heure du petit déjeuner sur un festival, pour autant le public est bouillant. Massés les uns contre les autres pour approcher la scène du plus près possible, les plus jeunes festivaliers du Pukkelpop accueillent l'Américain avec une ferveur impressionnante. Dès les premières mesures du concert, le plancher du chapiteau se soulève au rythme des sauts du public, provoqués par des hymnes hip-hop comme What They Want, Losin Control, Do It Myself ou encore Pull The Trigger. L'énergie de l'artiste est décuplée par les infra-basses, démentes, mais surtout par l'assemblée qui porte chaque morceau comme s'il s'agissait d'un classique. Du haut de ses 24 ans, Russell Vitale est subjugué, à tel point qu'il fait venir sa mère sur scène pour partager l'instant. Il rappelle que la toute première date qu'il a fait en dehors des USA était la Belgique. Elle le lui rend bien.
Les saveurs de London Grammar et de Sampha, tous originaires d'Angleterre, émoustillent les oreilles des amateurs ce vendredi sur la plaine du Pukkelpop. A ma gauche sur la Main Stage, on découvre du contrôle vocal, une prestation scénique ultra-léchée par la formation londonienne. Peu de place ou presque pour l'improvisation, Hannah Reid et sa bande déroulent d'emblée leurs titres les plus porteurs comme Big Picture ou Wasting My Young Years. Mention spéciale au titre Rooting For You et son intro acapella impeccable. A ma droite, côté Club, c'est Sampha qui s'impose. Il est 22h45, Elbow n'a pas encore terminé son show sur la scène juste en face, mais déjà le rythme du mélange soul/électro du chanteur britannique de 28 ans résonne comme un appel à la fête. Une soirée ponctuée d'accalmies avec des morceaux piano-voix comme No One Knows Me ou Too Much, titre qu'il partage avec Drake sur l'album Nothing Was The Same, mais qui profite également de moments bruts et nerveux, avec des solos de batterie et des montées électro. Une claque.