

Tout est dit (mais reste à découvrir) dès l’ouverture. En coulisses, la chanteuse fait des cœurs avec les doigts, puis se concentre. Aux cris des fans se superpose le visage angoissé. Le calme avant la tempête. La tempête, ou plutôt le tourbillon, “personne ne pourra jamais raconter aussi bien que moi”, dit-elle en voix off. Ce documentaire d’une heure trente nous vient du cœur d’Angèle. Il est réalisé par ses complices, Brice VDH et Sébastien Rensonnet, ponctué d’images d’enfance (comme l’était déjà le clip de Flou), d’interviews de proches, de films tournés au smartphone depuis les coulisses, de vidéos Instagram et de confessions face caméra pendant le confinement.
Le fil conducteur de l’ensemble, ce sont les “carnets secrets” qu’elle couvre de notes depuis l’enfance. Des journaux intimes qu’elle ouvre, filme et lit. La voix d’ange suit l’histoire au présent, au jour le jour. Elle nous livre ce qui se cache derrière le sourire blond et les bonds joyeux de lutin face à la foule qui reprend les paroles de ses chansons. Les crises d’angoisse, le besoin d’exister, de ne plus être la “fille de…”, la “sœur de…”, la décision de s’accrocher, les huées en première-partie de Damso, le coming out forcé, les haters des réseaux qui tentent de coincer la féministe ou les trahisons de la presse people. Ce qui n’est pas dit mais éclate, c’est le concentré de talent qui déborde de cette artiste.
https://www.youtube.com/watch?v=InIQBluvjzE
Angèle, musicienne depuis l’enfance, a grandi sous la houlette d’un papa rockeur. Angèle, petite bouille de 4 ans à bouffer, entend sa maman dans la voiture (c’est Laurence Bibot qui raconte) lui dire qu’être jolie ne suffit pas, qu’il faut trouver autre chose. Angèle, môme au supermarché, voit ses parents se faire reconnaître par des fans. Elle ne se plaint pas. Mais tout cela nous donne à comprendre sa trajectoire, nous fait, aussi, aimer encore davantage la personne. Avec Angèle, le problème de la séparation de la femme et de l’artiste ne se pose pas. Les deux sont indissociables. Et admirables. Alors que le temps passe, comme passent devant la caméra Dua Lipa, Chanel, le tapis rouge de Cannes, l’infect Hanouna et l’adorable Mamy qui rit et râle, on voit la peur de se perdre et un cheminement qui permet à la chanteuse de terminer ce deuxième album, qui sera personnel, celui de “la fille de Linkebeek qui écrit des chansons sincères et simples”. Un sacré numéro, qu’on prédit déjà n°1 sur Netflix. Là aussi.