
Arno est remonté sur scène

Arno nous le rappelait encore dans l’interview exclusive qu’il a accordée à Moustique en décembre dernier. "La musique, c’est mon adrénaline. C’est elle qui m’a permis de voyager dans le monde entier alors que je n’étais pas doué pour grand-chose. C’est elle qui me donne la force et me fait vivre. C’est ma maîtresse, elle ne m’a jamais trompé." Deux ans après ses derniers concerts à l’Ancienne Belgique, deux ans après avoir annoncé qu’il souffrait d’un cancer du pancréas, Arno, le chanteur de charme de 73 ans, est remonté sur scène pour la première fois.
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C’était ce mercredi 12 janvier à 20h dans le studio Marconi de la VRT à l’occasion des Radio 1 Sessie, programmation live, sans filet, qui n’a hélas pas d’équivalent de l’autre côté francophone du couloir de Reyers. Arno a livré un concert de 75 minutes devant une centaine de privilégiés et des centaines de milliers d’auditeurs. Une première partie acoustique en formule piano/voix/basse, une seconde en formule rock électrique avec grosse guitare et batterie. La maladie, une rechute qui l’a enfermé dans un hôpital pendant cinq mois (oui, cinq mois, une vraie merde ce cancer), le traitement ont amaigri le corps, fragilisé la démarche et le regard. La chevelure poivre sel a, par contre, repoussé et la voix est toujours là. Intacte, "rauque and roll".
Vivre
En début de set, on a mal pour lui. Arno s’attaque à Solo Gigolo. Ça ne sonne pas juste, les deux musiciens le regardent hébétés. L’émotion est là, palpable, très forte. Trop forte. Et puis, la musique, "son adrénaline", prend le dessus. Arno, assis sur une chaise, les textes de ses chansons rassemblés sur des feuilles A4 posées par terre, enchaîne les relectures intimistes qu’il propose sur son dernier album "Vivre" paru dans la collection Parce Que de [PIAS]. Elle adore le noir pour sortir le soir, en souvenir à une tantine qui fréquentait les maisons closes d’Ostende, Les Yeux de Ma Mère qu’il dédie à toutes les mamans "sans qui on ne serait pas là ce soir", Lonesome Zorro, le symbolique Je Veux Vivre. C'est trop beau.
Putain Putain
Arno retrouve ses marques, il balance ses vannes entre chaque morceau, a moins besoin de ses "copions". Quand son batteur le rejoint et que l’ampli de la guitare monte sur « 10 », tout devient encore plus surréaliste. Arno n’offre pas un best of. Il se fait plaisir et il a raison. Il déterre un peu joué Do The Kangaroo, remonte aux années et aux sonorités TC Matic, dégaine son harmonica blues, se lève plusieurs fois de sa chaise et balance la purée. Give Me Te Gift, un O La La La toujours aussi magnifique, Putain Putain en version Brexit dédié à Boris Johnson, "tu sais ce mec avec sa coiffure incroyable", Ratatata, Ha Ha et, en ultime salve, Whoop That Thing dans une version langoureuse. Mesures sanitaires ou pas, le public est debout. Arno s'est relevé. Au propre comme au figuré. Ce concert, il l’a fait autant pour lui que pour nous. Il va bien dormir après ça. On le remercie et on espère qu’il trouvera la force d’en donner d’autres. Une leçon de vie, une leçon de rock. Bedankt en respect.
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Arno est remonté sur scène. Copyright Belga