
Bruno Letort a collaboré avec Stromae: «C'était une bouffée d'air frais»

"Je ne peux m'épancher que sur les titres qui sont déjà sortis." Bruno Letort prend ses précautions. Ce compositeur, directeur du festival Ars Musica depuis 2013, a signé un contrat de confidentialité lui interdisant de parler des morceaux de l'un des albums les plus attendus de l'année: "Multitude" de Stromae. "Par contre, je suis tout à fait libre de vous expliquer toute la collaboration avec lui", précise celui qui a endossé le rôle d'orchestrateur sur plusieurs morceaux, dont L'Enfer. Il a donc répondu aux questions de nos confrères de La Libre.
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Quel était votre rôle exact?
J'ai travaillé sur sept des douze titres. Je devais faire une sorte d'interface un peu inventive entre l'orchestre et cette production. J'apporte soit des compléments rythmiques ou mélodiques, soit des couleurs. Par exemple, sur L'Enfer, où il est question de dépression, je voulais quelque chose qui ressemble à cette impression qu'on peut avoir de ne jamais sortir de la maladie. Donc les cordes se répètent, elles se répondent les unes aux autres, dans une sorte de boucle qui est presque infinie. Au début du morceau, il y a également un travail de mélodie basé sur les sons aigrelets que l'on entend. Il s'agit en fait d'un vibraphone qui est joué à l'archet.
https://www.youtube.com/watch?v=DO8NSL5Wyeg
Qu'avez-vous pensé en découvrant les morceaux de l'album?
Les textes sont assez passionnants et abordent plein de sujets. J'ai été très surpris par la variété des couleurs du disque, des systèmes rythmiques. Ce sont des mélodies très simples mais très bien pensées, d'une belle efficacité. L'une de mes premières impressions n'était pas vraiment musicale mais plutôt humaine. J'étais impressionné par le personnage, par ce qu'il dégage qui est extrêmement positif. C'était une bouffée d'air frais. En musique contemporaine, on est quand même dans un tout autre monde.