
Stromae au Palais 12: un retour magistral (vidéos)

Une heure de concert, mais quelle heure de concert ! En soixante minutes, Stromae a étalé toute sa classe, alliant son humilité naturelle, une poésie réaliste qui touche les cœurs, une rare musicalité, des refrains qui claquent comme des hymnes et d’autres qui font réfléchir. Il nous a fait sourire, tanguer, donner le bourdon (sur la magnifique relecture de Quand C’est ?; sans doute la plus belle chanson jamais écrite sur le cancer) et réinventé son premier tube Alors On Danse pour le transformer en nouvelle ode de l’après Covid, le tout servi dans une mise en scène ingénieuse.
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Oui, ce mardi 22 février, devant 9.000 personnes au Palais 12 de Bruxelles (loin de la pleine capacité), Paul Van Haver a mis tout le monde d’accord pour son premier concert « avant-première » (avant Paris et Amsterdam). Généreux, Stromae et ses quatre musiciens l’ont été en offrant au public belge la primeur live de sept chansons tirées du très attendu "Multitude" qui sortira ce vendredi 4 mars.
Mauvaise/Bonne Journée
Sans rien attendre, il a débuté son set par deux nouveautés : Invaincu où il évoque avec un flow rap très dur «cette putain de maladie» et «Fils de joie», chanson sur les mamans prostituées. Il y a eu bien sûr les deux singles déjà connus : L’Enfer dans une version très sobre et l’euphorique Santé que son avatar introduit sur les écrans en faisant répéter la chorégraphie au public. On a aussi adoré les contrastes des mots et des rythmes du diptyque Mauvaise Journée/Bonne Journée. Enfin lors du seul et unique rappel, Stromae a dévoilé une version a capella de Mon Amour, chronique d’un tombeur/collectionneur de filles qui se retrouve seul. Bien fait pour lui…
https://www.youtube.com/watch?v=LffyuyVvets
Un album métissé
Dans les sons de ces nouveaux titres, on sent la recherche. Beaucoup de percussions venues d’Asie du Sud-Est, des guitares sud-américaines, des violons chinois, de l’afro-pop, des polyphonies des îles.. Pour ce qu’on a entendu et comme son nom l’indique, «Multitude» sera un album métissé, un disque d’ouverture qui mélange les styles du monde entier pour toucher… le monde entier.
Visuellement, Stromae offre aussi un truc de ouf ! Son avatar, dont la démarche fait penser aux personnages du groupe animé Gorillaz, est omniprésent. Le chanteur, le vrai, introduit aussi un chien robot sur scène. Mais la grande prouesse est technique avec l’animation inventive des écrans géants LED qui tournent à 360 degrés et dont l’arrière est composé d’éclairages. Quand Stromae exhume ses tubes, il apporte des nuances dans l’interprétation mais en rappelle sur les écrans les codes couleurs et vestimentaires : le bermuda et le nœud pap’ que porte son avatar sur Alors on danse, le débardeur à damiers sur l’euphorique Papaoutai, la tenue débraillée sur Formidable, la toile d’araignée qui n’en finit plus de s’étendre pour symboliser le cancer sur Quand C’est ?
https://www.youtube.com/watch?v=pbLMFbJTwLc
Cet été à Werchter, aux Ardentes et au Cabaret Vert
Si les chansons de Stromae fédèrent de 7 à 77 ans, c’est non seulement parce qu’elles nous parlent mais aussi parce qu’elles parlent de nous, de nos faiblesses, de nos conneries, de nos doutes, de nos rêves. Stromae y met la manière, certainement beaucoup de son propre vécu et il y ajoute cette dose de surréalisme bien de chez nous. Remercier ses musiciens, son équipe et le public « qui a acheté toutes les places en dix minutes », c’est normal. Demander d’applaudir toutes les femmes de ménage, les madame pipi et les infirmières, c’est peu banal. C’est Stromae. Vivement cet été à Werchter Boutique, au Cabaret Vert et aux Ardentes.
Stromae en concert
Werchter Boutique, 19/6.
Les Ardentes, 10/7.
Cabaret Vert, 17/8.
En 2023 : Palais 12, Bruxelles, 15/3, 16/3, 17/3, 1/6, 2/6, 3/6