
Jane Birkin au Cirque Royal : émue et émouvante

Comme elle l’expliquait à Moustique en février dernier, Jane Birkin s’est "reposée sur les envies d’Etienne Daho" pour cette nouvelle tournée consécutive à son album "Oh Pardon tu dormais…" conçu avec le dandy de la french pop. "Je chante ce qu’il a envie d’entendre. Etienne Daho est un ami de ma famille mais il a aussi une approche de fan. "
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Ce qu’Etienne Daho a envie d’entendre, c’est exactement ce que le public a envie d’entendre de Jane Birkin en 2022. Un "best of" mais pas que… Des titres connus, mais aussi des chansons cultes. Des rengaines qui font "Di Doo Dah", mais aussi des textes à vous arracher des larmes.
Elle est Melody Nelson
Après La Louvière (27 février), Jane se produisait ce mercredi 13 avril au Cirque Royal. Une mise en scène sobre. Une mise en scène élégante à l’image de son interprète. Quatre musiciens en formation pop classique : guitare, basse, batterie et au piano/claviers, Jean-Louis Piérot (Les Valentins) qui a coréalisé "Oh Pardon tu dormais" avec Daho. Jane débarque sur l’instrumental de Je t’aime moi non plus et enchaîne avec Jane B. Elle est debout, la démarche fragile, une main appuyée sur un tabouret pour garder l’équilibre. La voix est là, et bien là, qui récite cette fiche anthropologique écrite jadis par Serge Gainsbourg "Signalement. Yeux bleus. Cheveux châtains. Jane B. Anglaise. De Sexe féminin ". Voilà pour les présentations. Nous sommes rassurés. Les arrangements sont fidèles aux originaux. Plus d’Arabesques ici ou de joutes symphoniques. Retour aux fondamentaux. L’ex-fan des sixties (qu’elle chantera plus tard) se replonge volontiers dans le cultissime "Histoire de Melody Nelson", créé à Londres voici cinquante ans comme elle ne manque pas de le rappeler. Sur scène, Jane est Melody Nelson. Avec la légitimité, les mots et le ton pour la faire revivre. Elle enchaîne Ballade de Melody Nelson, Valse de Melody, Oh Melody et L’Hôtel Particulier. Un truc de dingue. On ne l’avait jamais entendue chanter ça comme ça.
Baby Alone In Babylone
Juste pour nous faire quitter nos fantasmes et nous ramener à la réalité, elle rend hommage à sa fille Kate avec Les Cigarettes qu'elle a écrite pour son dernier album . "Ma fille s'est foutue en l'air. Et par terre, on l'a retrouvée. A-t-elle ouvert la fenêtre. En fait pour chasser la fumée?". I l fallait oser. Il fallait le penser. Jane l’a fait et l’a chanté. Bluffant. Elle répète des "merci" au public, évoquera plus tard le conflit en Ukraine ("J’ai laissé des tirelires à l’entrée de la salle. Pour la Croix-Rouge. Que peut-on faire d'autre? C'est terrible car on sait que ça ne finira pas bien»). Elle reprend ses classiques (Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve, une superbe version de Quoi, Les Dessous Chics, Baby Alone In Babylone, Catch Me If You Can) , repart, revient, repart, revient encore une fois. Une soirée inoubliable, une setlist incroyable, un grand frisson. Pour tout ça, et pour bien d’autres choses encore, merci Jane. Cette soirée, nous ne sommes pas prêts de l’oublier.
Jane Birkin revient à De Roma (Anvers) le 18 mai.