
Streaming musical: les artistes toujours laissés pour compte

Une enquête du Groupement européen des Sociétés d'auteurs et compositeurs (GESAC) dévoilée mercredi affirme que l'industrie du streaming musical souffre de plusieurs maux, tels notamment un déséquilibre des revenus entre plateformes, labels et auteurs/compositeurs/éditeurs et une absence de diversité.
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Pour ce qui est du marché belge, où le streaming est apparu en 2011, il est difficilement chiffrable spécifiquement, souligne la Sabam, la société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs. Mais ce qui est certain c'est qu'il doit également composer avec sa taille, plus réduite que celle d'autre pays, et sa complexité, partagée entre trois cultures linguistiques.
Un modèle bien implanté mais inégal
Le streaming est devenu la principale forme de consommation musicale. Aujourd'hui, 78% des consommateurs font usage d'une ou plusieurs plateformes de streaming et 68% de la consommation musicale se fait par streaming, rappelle le GESAC. Les services mondiaux de musique par abonnement comptent 524 millions d'utilisateurs.
Le marché a connu depuis ses débuts en, 2006 une croissance exponentielle. Il y a plus de 70 millions de titres disponibles sur les services de streaming musical aujourd'hui. Une plateforme telle que Spotify compte environ 8 millions d'artistes. Mais l'étude souligne par contre que 93% de ces artistes présents sur Spotify ont moins de 1.000 auditeurs par mois, ce qui pose un réel problème de diversité.
Un revenu qui baisse pour les artistes
L'autre souci fondamental est une rémunération correcte des auteurs/compositeurs. Selon le GESAC, le tarif de base d'un abonnement de streaming musical de 9,99 euros n'a pas évolué depuis 2006 et le revenu moyen par auteur n'a cessé de diminuer en 15 ans. Par ailleurs, il faut aussi compter avec le manque de transparence des algorithmes utilisés pour mettre en avant les artistes.
Et selon l'enquête, 30% des revenus générés restent dans les caisses des plateformes de streaming, 55% vont aux labels, contre 15% aux auteurs et éditeurs. Ce qui traduit un déséquilibre dans le partage des revenus.
D'autres problèmes spécifiques s'ajoutent encore à la situation sur le marché belge. La Belgique comptabilise un trop grand nombre d'abonnements gratuits - 50% environ - par rapport à d'autres pays. Sachant qu'un abonnement gratuit rapporte 10 fois moins aux auteurs qu'un abonnement payant, l'impact économique est énorme. Enfin, le Belge consomme trop peu de musique locale. Un facteur déterminant dans l'économie du streaming puisque plus nous consommons de musique étrangère, plus nous envoyons d'argent aux auteurs d'autres pays.
«Actuellement, le marché du streaming ne rémunère pas nos auteurs à leur juste valeur», estime le CEO de la Sabam, Steven De Keyser. «La résolution de ce problème nécessite une prise de responsabilité commune qui implique que tous les acteurs poussent dans la même direction». Il faut, selon lui, plus de financement et de promotion de la culture locale. Et il faut aussi faire comprendre au consommateur que ses habitudes en matière de musique en ligne ont un impact sur l'économie y référant.
Enfin, les entreprises de téléphonie mobile ont aussi un rôle à jouer, comme le souligne l'exemple de KPN aux Pays-Bas, lequel a incorporé un abonnement payant à Spotify dans son offre aux particuliers.