

Mylène Farmer a changé d’équipe pour ce nouvel album sorti sur toutes les plateformes ce vendredi 25 novembre à 01h00. Mais ses obsessions sont toujours les mêmes. A 61 ans, l’artiste désormais culte et crédible (elle se retrouve même en cover de la bible électro/élitiste Trax), cultive le mystère, vit loin des radars mais reste au diapason du monde qui l’entoure. Plus générationnel et désenchanté que jamais, le disque tourne autour de l’emprise des personnes toxiques (y compris son propre double) et des angoisses existentielles. Il est mystique. Il questionne notre place ici-bas tout en tutoyant à plusieurs reprises la mort. «La vie nous glisse entre les doigts et fait sa loi», chante-t-elle ainsi.
Riche de douze morceaux et de deux bonus (une version piano/voix de Rayon Vert, un remix d’Invisibles), "L’Emprise" a été principalement réalisé par le génie de l’électro française Woodkid. Le mariage fonctionne à merveille. L’électro épique et la pop orchestrée de Woodkid collant parfaitement au propos de Mylène Farmer. Dans leur climax et leurs ambiances gothiques, quatre plages s’apparentent, du reste, à des prières : Invisibles qui ouvre l’album; Ne Plus Renaître, sa collaboration plutôt insignifiante avec le groupe trip-hop anglais Archive où elle susurre de sa voix haut perchée «Une étincelle, ne plus renaître, une délivrance, je lève les yeux au ciel»; Rayon Vert composé avec le duo français Aaron et Que Je Devienne.
https://www.youtube.com/watch?v=6BzkaJWc0X8
Cette oraison funèbre est le sommet du disque. Une ballade 100% Mylène où elle convie Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire et « les jardins de Vienne ». La narratrice est à genoux, les cloches sonnent derrière, un chœur grégorien résonne, un parfum doux remonte des catacombes. Johnny Hallyday avait son Requiem Pour Un Fou, Mylène a désormais Que Je Devienne qui beaucoup de fans imaginent déjà comme le morceau ouvrant sa prochaine tournée pour laquelle elle a déjà vendu plus de 550.000 tickets.
Moby, son vieil ami végan est aussi de la partie. Recyclant ses sons clairement identifiables, il apporte un peu de rythme au projet. Rallumer les Etoiles (on dirait une chute de l’album "Play", le classique de Moby enregistré en 1999) va ambiancer au stade roi Baudouin le 22 juillet. Quant à Bouteille à la Mer, qui clôture le disque (avant les bonus), il permet à Mylène Farmer de retrouver sa voix d’enfant androgyne pop façon C’est une belle journée sur des sonorités très nineties.
Au niveau des réussites, on pointera encore la plage titulaire L’Emprise, nouveau psaume up-tempo «farmerien et dans la musicalité et dans le texte», comme le soulignait le première fan à réagir cette nuit sur le site www.mylene.net. «L’amour est plus fort que tout. Echec et mat à genoux.» Bien dit, bien vu. Carton assuré et numéro un de cette fin d’année.
Mylène Farmer, L’Emprise. Stuffed Monkey.
Le 23 juillet au stade roi Baudouin.