
The Cure fête les 30 ans de son album «Wish» : toujours aussi culte

Du rarement vu, du moins dans de telles proportions. Sur les réseaux sociaux, des dizaines de milliers de fans s’amusaient ces dernières semaines à décompter le nombre de jours qui les séparent du concert de The Cure pour lequel ils ont réussi à trouver un ticket. “The Cure -9”, “The Cure -8”, “The Cure -7”… Pour les Belges, ce compte à rebours online s’est arrêté ce mercredi 23 novembre, date du passage du groupe anglais au Sportpaleis d’Anvers. Ou s'arrêtera ce dimanche 27, quand The Cure remplira le stade couvert de Liévin, dans le nord de la France.
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Lancée le 6 octobre dernier à Riga en Lettonie, la tournée européenne Lost World Tour de The Cure compte 44 dates, les trois dernières étant prévues les 11, 12 et 13 décembre à Londres. Tout est complet depuis un an. Chaque soir, Robert Smith, Simon Gallup (basse), Perry Bamonte (guitare, claviers), Reeves Gabrels (guitare), Jason Cooper (batterie) et Roger O’Donnell (claviers) jouent entre vingt-cinq et vingt-huit morceaux pendant deux heures et demie. Chaque soir, la setlist est différente. Chaque soir, elle inclut au moins une nouvelle chanson qui figurera sur “Songs Of A Lost World”, leur quatorzième album dont la date de sortie n’a toujours pas été annoncée. Chaque soir, c’est une célébration.
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“Wish”, l’album sous-estimé
En attendant “Songs Of A Lost World”, The Cure sort une copieuse réédition de “Wish”, son neuvième album paru voici trente ans, le 21 avril 1992. “Wish” est considéré comme le disque le plus pop du groupe. C’est aussi l’un de ses plus gros succès commerciaux, le seul qui ait atteint la première place des charts en Angleterre et la seconde dans le Billboard américain. Dans la discographie de The Cure, “Wish” est pourtant sous-estimé. Il reste dans l’ombre de son prédécesseur “Disintegration” paru trois ans plus tôt ou du très sombre “Pornography” de 1982, deux disques qui font l’unanimité.
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Si “Wish” a produit trois singles, dont l’énorme Friday I’m In Love, ce sont ses titres les moins connus (et les moins joués en live, ceci expliquant cela) qui ressortent de cette nouvelle édition remastérisée par Robert Smith dans les studios Abbey Road de Londres. Le temps a joué en leur faveur. Un sentiment que partage, du reste, Robert Smith aujourd’hui. “Il y a une partie de “Wish” que j’avais presque oubliée, celle qui est composée des morceaux les plus doux, avoue-t-il dans les notes du livret de la réédition. Avec le recul, je me rends compte ainsi que Trust (une plage atmosphérique emmenée par des claviers avec peu de chant - NDLR) est l’une des meilleures choses que nous ayons faites. C’est une chanson délivrée avec beaucoup d’émotion. J’aime beaucoup aussi To Wish Impossible Things qui a été enregistré dans une veine particulièrement mélancolique. À bien y réfléchir, elle pourrait bien être ma chanson préférée du disque.”
Psychédélisme et alcool
Jeune trentenaire à l’époque de “Wish”, Robert Smith avait une idée très claire en rentrant en studio. “J’avais en tête le son global de l’album. Nous avions prévu d’utiliser une palette restreinte d’instruments et d’outils de production, un peu comme nous l’avions fait sur “Disintegration”, mais l’idée était de créer plusieurs styles différents de chansons.” Les bonus (remixes, instrumentaux, démos) qui remplissent deux CD de cette édition anniversaire montrent que le groupe était particulièrement prolifique et… sous l’emprise de substances, comme en témoignent les effluves psychédéliques de la première version de Cut ou l’inédit A Wendy Band.
Si Robert Smith reste discret sur sa consommation de drogues pendant l’enregistrement de “Wish”, il avoue que le groupe picolait beaucoup. “Il y avait un pub pas très loin du studio The Manor, dans l’Oxfordshire. C’était le long d’un canal. On y allait à vélo chaque soir. J’étais le seul à avoir des lumières sur ma bicyclette. Je fermais la route à l’aller et je l’ouvrais au retour. Je me demande encore comment personne d’entre nous n’a terminé dans la flotte.”
Depuis le début de sa tournée Lost World Tour, The Cure a interprété régulièrement quatre morceaux extraits de “Wish”: les incontournables Friday I’m In Love et From The Edge Of The Deep Green Sea, mais aussi les plus rares Trust et Doing The Unstuck. À titre de comparaison, huit chansons de “Disintegration” ont déjà été jouées depuis le premier show de Riga.