Rosalía, fiesta latina à Forest National

La chanteuse espagnole a marqué l'année avec son album «Motomami». Elle est venue confirmer tout le bien qu'on pensait d'elle à Forest National avant de revenir en Belgique à Rock Werchter en juillet prochain.

Rosalía, fiesta latina à Forest National
Belga

Rosalia a été révélée en 2018 par le tube Malamente et l'album «El Mal Querer», disque renouvelant le flamenco pour le faire entrer dans le XXIe siècle, celui du hip-hop et de la pop urbaine. En mars dernier, la Catalane a grimpé un nouvel échelon avec «Motomami», disque de pop urbaine inclassable et excentrique qui passe (pour faire court) du flamenco le plus tragique au reggaeton le plus enjoué dans un flot de percussions ultra-léchées.

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Face caméra

«Motomami» peut être traduit par « femme à moto » (une référence à sa mère qui roulait en Harley). C'est donc par un bruit de grosse cylindrée que le spectacle commence. Un groupe de danseur s'avance, le pas saccadé, presque à quatre pattes, un casque fluorescent sur la tête, telle une meute de motards d'une nouvelle ère. Un membre se relève et dévoile son visage : Rosalia, 30 ans et tout sourire, peut lancer le brûlot Saoko, ode à la transformation et à la fluidité de genres sur percussions et envolées jazz. Dehors, il fait – 5 degrés, mais que calor à l'intérieur ! Forest National est rempli pour une bonne moitié de la communauté latina de Belgique qui connaît, forcément, les paroles par coeur.

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La première demi-heure s'écoule à du 200 à l'heure, Rosalia enchaînant les titres les plus relevés de son dernier opus. Toute la musique est sur bande, mais le spectacle est total. Idée simple, mais efficace, un caméraman est sur scène pour filmer tous les mouvements, tout comme certains danseurs filmant la patronne avec un smartphone. Des images projetées en live sur trois grands écrans qui permettent au public d'être dans l'action au coeur de la scène. Scène qui par ailleurs avance via une rambarde vers le centre de la salle. Ce qui permet de réduire encore la distance entre la chanteuse et son public. Lequel exulte lorsque Rosalia chausse des lunettes noires face caméra pour entamer La Fama, son tube en duo avec The Weeknd.

Proche du public

Rosalia s'adresse ensuite à son audience. Dans un français touchant et en espagnol lorsqu'elle se rend compte qu'une grande partie de la salle est hispanophone. Plus tard, elle jouera avec les membres du public en leur passant un téléphone-caméra et un micro lorsqu'elle descend dans la fosse pour chanter La noche de anoche, son tube en duo avec le roi du reggaeton Bad Bunny. Elle parviendra même à signer quelques disques durant cette séquence karaoké...

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Si le spectacle est millimétré, la chanteuse reste proche des gens, remarque les panneaux et petits mots qui lui sont dédiés, discute («De Colombie !? Et tu vis ici ?»). Certes, elle chante aussi pour la caméra et est un peu actrice, mais après six mois de tournée non-stop, elle paraît contente d'être là, est enjouée et son émotion n'est pas feinte.

Rosalia à Forest National - Belga

Flamenco, le blues des gitans

Après une première partie de concert sur les chapeaux de roue, le premier moment de toute beauté vient quand Rosalia retourne à ses racines flamenco. Un medley De Aqui No Sales / Bulerias où la voix ne ment pas. Le public accompagne en frappant des mains à la façon de Séville pour faire office de percussions, avant que celles-ci n'explosent sous forme d'énormes basses.

Le flamenco, c'est le blues des gitans. Un art complet (chant, musique, danse) qui est né au Moyen Age dans les grottes d'Andalousie où s'étaient réfugiés les gens du voyage pour échapper aux persécutions des inquisiteurs catholiques. Aujourd'hui, c'est une tradition hispanique, un art codé, mais pas figé. Preuve avec Rosalia qui reprend le flambeau avec les outils de son siècle.

Plus tard dans la soirée, elle reviendra au flamenco avec Pienso en tu mira. Des larmes coulent sur son visage : «Dramatico», entend-on derrière nous. «Elle ne pleure pas vraiment». Pourtant, lorsqu'elle entame De Plata, titre de son premier album en fin de concert, ses yeux se mouilleront à nouveau. Effet pour la caméra ou effet flamenco ? Le blues des gitans est-il aussi le blues de Rosalia ?

La Beyoncé latina

Deux heures de spectacle son, vision, danse et chant qui passent comme rien, sans aucun temps mort. Le show se terminera comme il se doit, entre percussions et envolées vocales, entre reggaeton et flamenco, avec Chicken Teryiaki et Sakura pour une dernière danse. Forest National, malgré ses 8.000 places, nous a donné l'impression d'être un salon. Seul bémol, le son déplorable, vieux contentieux avec la salle forestoise.

Reste que Rosalia a donné concert varié et généreux, même si quelque part, il ne s'agit plus vraiment d'un concert. Le seul spectacle de ce type (c'est-à-dire, un concert sans musiciens - à l'exception d'un piano à la toute fin) qui nous a donné une aussi bonne impression était celui de Beyoncé. Rosalia, sur les traces de Queen B ? A voir cet été à Rock Werchter.

Rosalia sera en concert à Rock Werchter le dimanche 2 juillet avec Arctic Monkeys, Queens of the Stone Age, Christine & The Queens...

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