Shame : "Avec notre album 'Food For Worms', nous retrouvons l’insouciance des débuts"

Le groupe post-punk londonien ouvre grand les espaces sur le brillant “Food For Worms”.

Shame
© Pooneh Ghana Dead Ocean

Une section rythmique qui claque, quatre accords tendus de guitare électrique et cette première ­punchline lancée par Charlie Steen avec son accent à couper au canif. “Tu te plains souvent des choses qu’on t’a données. Il y a du soleil à l’extérieur mais tu ne le vois même plus.” Shame n’a pas son pareil pour planter le décor avec Fingers Of Steel, titre d’ouverture de son troisième album “Food For Worms”. “Je n’avais pas quelqu’un de particulier en tête en écrivant ces paroles. Sans doute parce que cette chanson s’adresse à moi-même”, explique Charlie, confortablement installé dans le salon d’un hôtel bruxellois avec Sean Coyle-Smith, guitariste de la formation londonienne. “À une période de ma vie, il y avait beaucoup de colère et de frustration en moi. Il a fallu dépasser tout ça.

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Bombardé “sauveur du rock” sur foi d’un concert d’une folle intensité livré un soir d’hiver à l’Eurosonic en 2018, Shame a explosé avec “Songs Of Praise”, premier brûlot post-punk qui sentait effectivement la rage. Après “Drunk Tank Pink” (2021), disque redondant et moins immédiat, les Londoniens ouvrent les espaces et élèvent leur niveau sur “Food For Worms”, leur meilleur cru à ce jour produit par le vétéran Flood. “Il est complètement taré, mais on adore les sonorités brutes qu’il a injectées dans les albums de PJ Harvey. Après avoir longtemps tourné en rond avec des idées qui ne dépassaient pas le stade de maquettes, notre manager nous a fixé un challenge: écrire de nouvelles chansons en trois semaines et les présenter en live au Windmill (le club alternatif de Camden, qui a vu naître Shame, Fat White Family et Black Country, New Road - NDLR). C’était comme si nous étions de sales morveux à qui on donnait un coup de pied dans le cul mais ça nous a remis sur le droit chemin. Flood a ensuite suggéré qu’on enregistre les morceaux tels que nous les avions joués au Windmill. Le rock doit rester un truc simple.  Tu écris tes chansons, tu répètes pour les jouer sur scène et tu vois la réaction du public.

Sur “Food For Worms”, Shame ne se pose plus de questions. Le groupe garde son énergie positive (Burning By Design, Alibis), s’essaie au psychédélisme (Six-Pack), ose une ballade hippie (All The ­People) ou une guitare acoustique (Orchid). “On a gagné en confiance. Nous restons très fiers de “Drunk Tank Pink”, mais on se rend compte aujourd’hui qu’on essayait alors de faire ce qu’on attendait de nous et que nous avions peur de décevoir. Avec “Food For Worms”, nous retrouvons l’insouciance des débuts, sauf que nous sommes devenus de meilleurs musiciens.

Le 5/4, Ancienne Belgique, Bruxelles. Le 9/7, Cactus Festival, Bruges.


**** Food For Worms. Dead Oceans/Konkurrent

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