
Flavien Berger : "Les gens qui écoutent ma musique l’aiment pour des motifs différents"

Après “Léviathan” en 2015 et “Contretemps” en 2018, Flavien Berger s’affranchit encore des conventions sur son album “Dans cent ans”. Le chanteur et producteur parisien, qui a appris à faire de la musique en bidouillant sur une Playstation 2, y malaxe chanson française mélancolique (Les yeux, le reste) et électro onirique (Berzingue). La concision pop (les trois minutes de Feux follets) y côtoie une épopée à tiroirs d’un quart d’heure (Dans cent ans). On entend des instruments à vent, une basse, mais aussi le bruit d’un talkie-walkie et des sifflements humains. Et sur les ballades en trompe-l’œil Soleilles et Jericho, il nous conte des histoires qui semblent à chaque fois improbables mais finissent pourtant par devenir évidentes. Alors, surréaliste, l’ami Flavien? “Non, je ne me sens pas vraiment là-dedans car c’est un courant exclusivement masculin et ça ne me plaît pas. Je dirais plutôt de mes chansons qu’elles parlent de sentiments et invitent à l’exploration.”
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Vous présentez “Dans cent ans” comme le dernier volet d’une trilogie. Comment la définiriez-vous?
Flavien Berger - Ces trois albums, c’est aussi l’histoire d’un apprentissage et d’une mise en abyme sur mon approche de la pop. Cette trilogie m’a permis de mieux structurer mon travail. Sur “Léviathan”, j’allais à la rencontre de ce monde tentaculaire qu’est la musique. Avec “Contretemps” en 2018, je voyageais dans le temps alors que “Dans cent ans” tient davantage du rêve, de l’occulte et du futur.
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Vous vous imaginez comment dans cent ans?
J’ai commencé à m’intéresser à la réincarnation mais je ne parviens pas encore à me projeter dans une autre entité. Pour moi, la mort correspond toujours au néant. Je n’ai jamais eu non plus l’ambition que ma musique me survive. Ceci dit, tous mes albums sortent en format physique. Il en restera une trace. C’est intéressant de penser que mes vinyles auront une durée de vie plus longue que ma propre existence. Moi-même, j’adore fouiner dans les brocantes pour dénicher des vieux disques.
Dès la deuxième ligne de votre notice Wikipédia, on vous qualifie d’”artiste hybride”. Ça vous convient?
On utilise ce terme quand on ne peut pas vous mettre dans une case bien précise. Et moi, ça me convient. J’ai l’impression de rentrer dans la pop par une fenêtre qu’on n’a pas l’habitude de prendre. Les gens qui écoutent ma musique l’aiment pour des motifs différents. Untel préférera une ballade “chanson française”. Un autre préférera mes morceaux plus électro. C’est confortable et même rassurant de savoir qu’on ne touche pas le public pour une seule raison.
Cet album a été conçu parallèlement à votre travail de réalisateur sur “Consolation” de Pomme. Elle vous a inspiré?
Je ne joue pas d’instrument, toute mon inspiration vient de mes machines. J’ai toujours eu le fantasme de l’artiste capable de composer une chanson avec un piano ou une guitare, exactement comme le fait Pomme. Cette collaboration m’a permis de voir comment elle bossait et a déteint bien sûr sur certains titres plus organiques de mon disque.
Une chanson s’intitule Pied-de-biche. C’est quoi, cette fascination pour cet outil?
J’ai découvert le plaisir de la démolition dans la maison d’une amie belge en 2021. J’ai cassé des lambris, des faux plafonds, des murs. Je trouve cet objet magnifique et puis je me suis aussi souvenu que ma mère gardait un pied-de-biche de couleur fluo dans le coffre de sa voiture. Pour quelle raison? Mystère. Le pied-de-biche, c’est aussi un symbole de puissance, à nouveau un truc très masculin et ça m’a inspiré. En apparence, la chanson est très légère, mais elle est politique.
Le 6/5, Nuits Botanique, Bruxelles.