Mégaconcert : les Belges dépensent (beaucoup) pour s'exalter

Malgré la crise, les Belges cassent volontiers leur tirelire pour voir leur groupe favori en live.

concert
© Mathieu Golinvaux

Jamais les Belges n’ont dépensé autant pour assister à un concert, à un festival et, plus globalement, pour des événements culturels. Pour Moustique, l’économiste d’ING, Charlotte de Montpellier, spécialiste des dépenses des ménages, a sorti sa calculatrice. Entre 1995 et 2019 (dernière année pré-Covid), le volume des services culturels et de loisir a augmenté de 14 %. En valeur, le budget consacré à ceux-ci a explosé de 83 %. Les Belges cassent donc largement plus la tirelire que par le passé. “C’est logique, car un ticket est plus cher aujourd’hui en raison de l’inflation”, nuance l’économiste qui pointe toutefois un autre chiffre: la proportion du budget total (alimentation, logement, factures d’énergie et donc aussi les loisirs) des ménages consacrer à ces activités. “3,2 % des dépenses partent dans des concerts, des festivals ou d’autres événements culturels, contre 2 % à l’époque. C’est une augmentation non négligeable.

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Il est trop tôt pour analyser la situation en 2022, mais l’économiste émet une hypothèse: “En raison du rebond post-Covid, il est probable que les ménages aient dépensé plus qu’en 2019. Ils ont accumulé de l’épargne pendant la pandémie. Malgré l’inflation, ils ont de quoi acheter des tickets de concert. C’est d’autant plus vrai depuis janvier, car les salaires ont été indexés.

D’ordinaire, en temps de crise, les Belges dépensent moins pour ce type d’activités “non essentielles”. “Ça a été le cas en 2008. Mais le contrecoup du Covid fait la différence. On ne parle bien sûr pas de tous les Belges, mais du public qui peut prétendre à consommer des gros concerts. Il vient plutôt de la classe moyenne.

Moins nocif que l’ecstasy

Le professeur de l’UCLouvain Bernard Rimé, spécialiste des émotions collectives, n’est pas surpris que l’on puisse dépenser beaucoup pour des événements musicaux, surtout pour un artiste qui ne vient pratiquement jamais chez nous. “Ils offrent une opportunité de renouer avec le contact social lors d’assemblées collectives. Les frontières qui délimitent l’individualité s’estompent alors. On communie avec l’entité globale.” Cela est vrai lors de manifestations ou de représentations sportives, mais pour la musique, le niveau serait supérieur. “La musique active nos émotions sans intermédiaire. On ressort d’un concert avec un sentiment d’appartenance à un large groupe. Les émotions sont volatiles et se transmettent. Cela a un effet exaltant, euphorisant, un effet analogue à celui de drogues comme l’ecstasy, mais sans effets délétères”, ajoute Bernard Rimé.

Pour lui, malgré la crise, consacrer son budget à ce type de loisirs est bénéfique. “Pour la première fois en Région bruxelloise, plus de personnes vivent seuls qu’à plusieurs. La pandémie a par ailleurs plongé beaucoup de personnes dans la solitude. Aujourd’hui, même si on se construit comme des individus isolés, notre instinct nous rappelle que nos racines sont profondément sociales.

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