Noel Gallagher : "Plus rien ne peut m’arriver de mieux"

Le musicien rend hommage à sa ville de Manchester sur “Council Skies”, son meilleur album solo à ce jour. Il évoque ici ses racines ouvrières, ses héros rock, Oasis et… Kevin De Bruyne.

Noel Gallagher
© Matt Crockett

La photo illustrant la pochette de “Council Skies”, quatrième album solo de Noel Gallagher, a valeur de symbole. Le cliché montre des instruments posés au centre de la Memory Lane, avenue qui menait jadis au stade de Manchester City. Dans ce disque, le supporter numéro 1 du club mancunien renoue avec son passé, évoque ses aspirations débridées et interroge le monde d’aujourd’hui, notamment sur les excellents Pretty Boy (avec un remix bonus signé Robert Smith) et la ballade Dead To The World. Avec Oasis, Noel Gallagher a tout gagné, mais à 56 ans, il met toujours du cœur à l’ouvrage. Confrontant nostalgie et expérience, ­ballades cuivrées “à la Eleanor Rigby” et décharges électriques, “Council Skies” est ce qu’il a fait de mieux en solitaire. C’est au lendemain de la prestation cinq étoiles de Kevin De Bruyne en demi-finale de la Champions League contre le Real de Madrid que nous l’avons contacté par Zoom. Et le bonhomme était chaud boulette.

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Un mot sur notre Kevin De Bruyne national?
Noel Gallagher -
Si quelqu’un mérite de gagner la Champions League, c’est bien lui. Manchester City fait une saison de rêve et c’est Kevin qui tire l’équipe vers le haut. Je l’ai rencontré à plusieurs reprises. Il est très inspirant. Voilà un mec discret qui n’attire jamais l’attention dans la vie de tous les jours. Mais dès qu’il monte sur le terrain…

Votre nouvel album est-il un hommage à Manchester et à ses habitants?
Council Skies, la chanson, est clairement un voyage dans le temps. J’ai grandi dans un milieu modeste. Le club de Manchester City et le rock me permettaient de m’en évader. Ouvrir la fenêtre de ma chambre, regarder le ciel et rêver de ce que la vie pourrait être… Voilà l’esprit de cette chanson.. Manchester fait partie de mon vécu et ça se ressent forcément dans certaines chansons. Quand tu as l’âge que j’ai, tu te sers de ton expérience et de tes souvenirs pour continuer à avancer. Mais cet album ne s’inscrit pas seulement dans la nostalgie. Je parle aussi du présent et de ce je ressens.


Même dans vos chansons les plus mélanco­liques, il y a toujours une part d’espoir. C’est votre signature?
Oui. Que ce soit avec Oasis ou en solo, que je parle d’une relation sentimentale ou d’une observation plus générale, j’ai toujours eu ce réflexe… “Council Skies” a été écrit pendant le lockdown et puis, il y a aussi le Brexit qui, pour nous, Anglais, a rendu encore plus fort ce sentiment d’isolement. Ça explique sans doute la mélancolie de certaines chansons de “Council Skies”, mais j’exprime aussi la volonté de s’en sortir. C’est un truc très “working class hero”…

Votre héros Johnny Marr, ex-guitariste de The Smiths, joue sur l’album. C’est grâce à lui que vous êtes là?
Oui. En 1983, je gratte déjà sur une guitare. Mais ce n’est qu’un hobby. Je n’ai même pas de groupe. Et puis, je vois ce mec jouer This Charming Man avec The Smiths dans Top Of The Pops sur la BBC. C’est une révélation. Johnny habite à deux stations de bus de chez moi, nos parents se connaissent. Et là, il passe à la télé, il est trop cool. Je me dis “je veux devenir Johnny Marr”. Et ma vie bascule.

Dans Pretty Boy, vous évoquez les rêves de l’adolescence. Pensez-vous les avoir tous réalisés?
Oui, tout s’est accompli. Plus rien ne peut m’arriver de mieux. Pretty Boy est aussi une réflexion sur les générations. Je regarde mes ados qui passent leur temps sur TikTok ou sur des jeux vidéo et je me dis: “à la fin de la journée, ils n’auront pas œuvré pour réaliser leurs rêves”. À leur âge, je grattais sur ma guitare et je tapais sur un ballon. Pour eux, jouer au foot, c’est aller sur FIFA 2024 avec leur putain de PlayStation!


Vous avez écrit des hymnes. Que doit contenir une chanson pour figurer sur vos disques aujourd’hui?
Ça fait trente ans que j’en écris. Je crois savoir aujourd’hui ce qui distingue une bonne chanson d’une mauvaise. Mais je me laisse toujours guider par l’instinct du moment présent. J’aime me surprendre. Si tu prends Pretty Boy et Dead To The World, ce sont deux vibrations complètement ­différentes. Dans la première, tout est dans le groove. Dans la seconde, nous sommes davantage dans l’émotion.

Dans votre répertoire, qu’est-ce qui se rapproche le plus de la définition de la chanson pop parfaite?
Impossible de répondre. Pour la plupart des gens, ça doit être Don’t Look Back In Anger. Elle fait lever des stades entiers. Est-ce que c’est la chanson pop parfaite? Je ne sais pas.

À la sortie de votre premier album solo, en 2009, vous nous disiez avoir peur de vous retrouver seul au centre de la scène et plus à l’arrière comme avec Oasis. Êtes-vous plus à l’aise aujourd’hui?
Je me sens un peu plus à l’aise, mais un tout petit peu. Je suis guitariste, pas performer. En concert, je crois que les gens attendent plus de moi que ce que je peux leur donner. Je suis un mec timide.

Le 2/9, Crammerock Festival, Stekene.

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