

Comment décrire l’indicible ? Il n’y a pas de mot pour raconter ce que Mylène Farmer a proposé samedi soir dans l’enceinte du stade Pierre Mauroy à Lille. Surtout si on ne veut pas tout déflorer pour permettre à ceux qui assisteront aux prochaines dates de bénéficier de l’effet de surprise. Les fans irréductibles attendent beaucoup de cette tournée dont ils sont nombreux à penser que ce sera la dernière de la flamboyante rousse. Certains campaient devant le stade depuis le 1er mai pour être aux premières loges. Autant dire qu’ils espéraient beaucoup de ce concert. Ils n’ont pas été déçus.
Il était 21 h 30 tout juste passées lorsque l’obscurité a envahi l’enceinte lilloise. Johnny Hallyday avait pour habitude de résumer une prestation live comme suit : soigner son entrée et sa sortie, et entre les deux : chanter. Depuis ses débuts sur scène Mylène Farmer semble avoir parfaitement intégré la leçon : des entrées incroyables où elle descend du plafond, surgit d’un sarcophage, etc. Et des sorties tout aussi impressionnantes. Ceux qui ont assisté à un des concerts de 2019 à la Défense Arena, à Paris, en savent quelque chose.
Pour ce Nevermore Tour, la chanteuse n’a pas soigné son entrée et sa sortie, elle a soigné toutes ses entrées et toutes ses sorties. Parce qu’il y en avait une pour chaque titre proposé ! Un spectacle grandiose dans lequel on croise une nuée de corbeaux. Rien d’étonnant, l’annonce de la tournée laissait entendre la couleur. Des corbeaux par centaines, donc. Des petits, des grands, des géants et même un dégonflé… Des corbeaux virevoltants ou chapardant quelque charogne. Des corbeaux pas très vivants aussi. Bref, Les oiseaux d’Alfred Hitchcock étaient de la partie.
Il y a aussi un peu de Notre-Dame de Paris et d’Inception dans le décor. À moins qu’on ne soit dans la quatrième dimension d’Interstellar… Ce qui est certain, c’est qu’il est difficile de savoir où regarder tant il se passe de chose sur les écrans, dans le(s) décor(s) et sur la scène. Sans parler des animations plus somptueuses les unes que les autres. Et la présence de tous les codes de l’univers Mylène Farmer, bien sûr : le cimetière et une mise en scène, comme toujours, impeccable. Du grand art. Seul regret : des blancs parfois un peu longs entre les titres. Question de mise en place des décors, probablement.
Mylène Farmer @Robin
Quant à Mylène Farmer, qui assure seule tout le début du spectacle, elle est apparue rayonnante, tout sourire dès les premières secondes, allant jusqu’à lancer des “Bonsoir” et des “Mercis” dès le titre d’ouverture. Sexy en diable, elle semble physiquement très “fit”. Et si elle danse moins qu’avant, elle n’en occupe pas moins la scène comme jamais, même lorsqu’elle se retrouve seule avec Yvan Cassar pour la traditionnelle séquence émotion en mode piano-voix. Pour les gesticulations, elle compte sur ses 16 danseuses et danseurs qui font parfaitement le job.
Côté musique, il n’y a que des tubes. Et même si certains titres ne l’ont pas été dans les charts, ils le deviennent sur scène. Le public les connaît tous et les chante en chœur. Ça donne des frissons d’entendre tout un stade, 45 000 personnes, chanter “Tout est chaos” ou “J’ai rêvé qu’on pouvait s’aimer/Au souffle du vent”…
Il y a eu la présence d’Aaron en chair et en os sur “Rayon vert” et le retour de “Libertine” dans la setlist. Audacieux à bientôt 62 ans. Mylène Farmer assume et s’assume.
Pas de mot sur la mort de Jean-Louis Murat mais un hommage avant le lancement du spectacle via la diffusion du clip de “Regrets”, le duo qu’ils ont fait ensemble. Le premier duo de la carrière de Mylène Farmer.
À 22 h 35, la messe est dite. La chanteuse repart en signant sa sortie. On n’a pas vu passer le temps tant cette production est dantesque. Elle ne ressemble à aucune autre. Elle porte la marque de Mylène Farmer qui en est la conceptrice.
Au passage, on notera une forte implication belge dans cette affaire. Dans la production de l’événement via l’entreprise CAD Belgium, mais aussi Step In Live, société basée à Evere. Et à travers les costumes de scène signés Olivier Theyskens. Formé à La Cambre, il a déjà habillé Nicole Kidman, Cate Blanchett, Reese Witherspoon, Emma Watson, Diane Kruger, Felicity Jones, Jennifer Aniston, Kirsten Dunst et Madonna en 1998 lors de la cérémonie des Oscars.
Sans oublier 15 jours de répétitions en Belgique, à Brussels Expo, avec ses équipes (presque 300 personnes) qui ont, paraît-il, travaillé 24h sur 24.
Vivement le 22 juillet au stade Roi Baudouin, en espérant que le son soit aussi bon que ce samedi à Lille. IL reste des places disponibles à partir de 55 euros jusqu’à 185 euros.