Def Leppard au Graspop Metal Meeting 2023 : "Le truc, c’est de travailler dur, sans arrêt"

Près de cinquante ans après sa formation, le groupe de metal s’offre un album symphonique, “Drastic ­Symphonies” et est invité en clôture du Graspop Festival, ce 18 juin.

Def Leppard
Def Leppard, avec le guitariste Phil Collen, deuxième en partant de la gauche. © Cred – Ross Halfin

est une reconnaissance absolue, une forme d’anoblissement, pour reprendre un terme cher aux citoyens britanniques: cinquante ans après sa création à Sheffield en 1976, Def Leppard publie “Drastic ­Symphonies”, une compilation de tubes et autres raretés piochés dans sa discographie et réenregistrés aux célébrissimes studios Abbey Road de ­Londres avec le Royal Philharmonic Orchestra. Si lors de leur publication, en 1980 et 1981, les deux premiers albums de Def Leppard passent relativement inaperçus en Europe, ils ouvrent d’emblée au groupe les portes d’une tournée américaine en première partie d’AC/DC, dont il récupère au passage le producteur, Mutt Lange. Dès l’année suivante, Joe Elliott (chant), Rick Savage (basse) et Rick Allen (batterie) sont rejoints par le guitariste Phil Collen, qui débarque au beau milieu de l’enregistrement de “Pyromania”. L’album est bien nommé. L’explosion qui suit est considérable.

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On estime aujourd’hui les ventes de “Pyromania” à plus de dix millions d’exemplaires, tout comme celles de son successeur, “Hysteria” (1987). Malgré un inévitable passage à vide dans les années 90, Def Leppard n’a ensuite jamais cessé ses activités et vient de se lancer dans une immense tournée européenne qui passe par le Graspop. Retour sur ce parcours fou avec Phil Collen, 65 ans, qui vit sous le soleil californien.

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Comment expliquez-vous que le groupe ait immédiatement percé aux États-Unis?
Phil Collen -
Tous les membres de Def Leppard ont appris à jouer et chanter en écoutant des ­groupes américains. On ne s’en est pas rendu compte tout de suite, mais on s’est tous mis à chanter avec leur accent dès le début. Mick Jagger, qui s’inspirait de Muddy Waters, Chuck Berry et Howlin’ Wolf, faisait exactement la même chose avec les Stones. Sur le plan musical, nos harmonies aussi étaient très influencées par ce qui se faisait aux États-Unis, même si j’estime que nous avons toujours gardé un esprit punk, un chant plus agressif, typiquement britannique. Je pense que la combinaison des deux avait un côté frais qui a tout de suite capté le public américain.

Vous avez rejoint Def Leppard sur ”Pyromania”, comment expliquez-vous le succès colossal de cet album?
Je suis arrivé en plein enregistrement et ce que j’entendais sonnait incroyablement bien. Mais notre premier concert, au Marquee Club de ­Londres, était à moitié vide. Il devait y avoir 200 personnes tout au plus dans la salle. Puis nous avons ouvert pour Billy Squier (chanteur de rock américain qui connut son heure de gloire dans les années 80 - NDLR) sur sa tournée américaine, et au même moment la chaîne musicale MTV a commencé à devenir populaire. Ce qui nous a ­littéralement fait exploser. Cet énorme succès est arrivé durant la tournée, avec les vidéos de nos shows.

“Hysteria” aussi est devenu mythique, comment avez-vous fait?
Très honnêtement, je dois en donner tout le crédit à notre producteur, Mutt Lange. Il est entré en studio et nous a dit: “Bon, les mecs, le prochain album doit être totalement différent. Bon Jovi, les Scorpions, tout le monde sonne comme vous désormais, il faut aller vers autre chose”. On s’est tournés vers Prince, The Police, Siouxsie and the Banshees… On a essayé de faire une version rock’n’roll de toutes ces influences. Mutt Lange avait une vision et il avait raison.


Les années nonante furent plus complexes à gérer…
Effectivement, tout a changé et c’était tout à fait compréhensible. Les années 80 ont donné des groupes de rock comme Bon Jovi ou Mötley Crüe, puis une série de pâles copies. Ça ne ressemblait plus à grand-chose. Soudainement, un mouvement s’est construit en réaction à tout cela. On a vu arriver des groupes incroyables comme ­Nirvana, avec cette énergie, cette authenticité, cette intégrité. Malheureusement, Def Leppard a été relégué avec tous les autres, les choses sont devenues plus compliquées, mais on a persévéré, on s’est battus.

Le groupe aurait logiquement dû disparaître, comment avez-vous fini par survivre?
Def Leppard a donné un paquet de concerts ­auxquels plus personne ne venait, mais ça restait nettement mieux que de retourner à l’usine. Alors on a juste continué et les gens ont fini par revenir, progressivement. Le truc, c’est de travailler dur, sans arrêt. Hier, j’ai pris ma guitare, j’ai fait des exercices de chant pendant des heures, et j’ai bossé plus dur que jamais. Si vous arrêtez ne serait-ce qu’une journée, c’est pratiquement impossible à rattraper.

Ça fait près de cinquante ans maintenant, vous ne vous en lassez pas?
Je pense que nous avons donné le meilleur concert de toute notre carrière l’année dernière au SoFi ­Stadium de Los Angeles. Le public était incroyable, l’énergie qui nous a gagnés était dingue. J’ai mieux chanté que jamais, et je me suis dit pendant toute la tournée “Je joue de mieux en mieux, j’aurais aimé faire ça avant” (rire). Le concert que nous donnerons (sans orchestre classique - NDLR) au Graspop sera peut-être notre meilleur, lui aussi.

Le 18/6. Graspop, Dessel.

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