La saison des festivals est lancée : pourquoi les préventes ont mis autant de temps à démarrer cette année

Malgré la rude concurrence et l’inflation, les préventes repartent à la hausse. Mais les festivals les plus attractifs restent ceux qui imposent une identité claire et une vraie spécificité.

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© BelgaImage

Le sentiment général, c’est que les affaires reprennent, s’exclame Didier Gosset, ­le porte-parole de la Fédération des ­festivals de musique en Fédération ­Wallonie-Bruxelles. Après deux années sans festival et une année de transition, la saison d’été 2023 est vraiment marquée par une offre pléthorique. Les grands artistes français ayant une actualité discographique étaient déjà ­présents en 2022, mais cette année, on a aussi les artistes ­américains alors que beaucoup d’entre eux hésitaient à jouer en Europe voici douze mois par crainte d’un rebond du Covid et du conflit en Ukraine.” Le secteur aurait donc retrouvé la banane et afficherait une mine en forme de beau smiley. Mais si l’optimisme renaît chez les organisateurs des gros rassemblements musicaux, force est de constater que, ­contrairement à la Flandre, peu de festivals ­affichent complet en Fédération Wallonie-Bruxelles.

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Démarrage tardif 

Hormis pour le Ronquières Festival avec l’effet ­Indochine et le LaSemo, proche du sold out (avec des exclusivités comme l’Américain Ben Harper ou la Malienne Fatoumata Diawara, protégée de Damon Albarn - NDLR), nous avons constaté un démarrage plus tardif sur les préventes des festivals”, poursuit Didier Gosset. Les raisons? Comme déjà évoqué dans un article précédent, les amateurs de musique se sont d’abord et avant tout rués sur les méga-concerts dans les stades - ceux de Beyoncé, The Weeknd et autre Rammstein.Le prix du billet pour The Weeknd équivaut à celui du ticket d’un jour des Ardentes. Le marketing de ces méga-concerts d’artistes blockbusters joue sur la rareté, alors que pour un festival on se dit qu’on a encore le temps.

agenda des festivals

Festival et mini-trip

Le nouveau calendrier scolaire en Fédération ­Wallonie-Bruxelles, avec notamment le report des congés de Pâques au mois de mai, n’est pas tout à fait innocent dans la prise de décision des consommateurs qui tardent à acheter leurs tickets. Tout comme la météo maussade de mai qui n’a rien fait pour plonger mentalement le public en mode festival. “Une prestation d’une méga-star dans un stade ou un festival n’est plus ­considérée aujourd’hui comme un concert “normal”, comme ces concerts auxquels on assiste pendant l’année, note ­Pascal Van De Velde, CEO de l’agence de booking Greenhouse Talent, organisatrice des concerts de Rammstein, Hans Zimmer ou du Gent Jazz Festival. C’est une expérience, un “voyage” qui se prépare et se budgétise comme on planifie un mini-trip touristique. On prend congé pour y aller, on réserve un logement, on s’organise. L’automne et l’hiver derniers, les Belges faisaient attention à leur budget. Depuis, les salaires ont été indexés et les factures d’énergie ont diminué. Et puis, le soleil est revenu...  Cet optimisme ambiant se traduit sur les préventes. Mais si certains festivals fonctionnent moins bien que d’autres au niveau des préventes, c’est également parce que l’offre est beaucoup plus abondante et qu’il faut faire des choix.

Redondance et uniformisation

Investissements financiers cadrés, les tournées des artistes sont désormais étalées sur deux années. Ce phénomène entraîne des redon­dances dans les programmations. C’est une autre grosse tendance de cet été. Exemples? Damso et Orelsan étaient les têtes de gondole des Ardentes en 2022. Ils sont têtes d’affiche de Dour en juillet. Angèle était au sommet de l’affiche à Dour en 2022. On l’a retrouvée avec le même statut au récent Core Festival et elle sera l’attraction du Pukkelpop avec Billie Eilish, déjà au Sportpaleis voici un an. On peut aussi citer les Red Hot Chili Peppers qui se produisent pour la deuxième année consécutive à Rock Werchter ou Arctic Monkeys qui clôturent ce même Rock Werchter le 2 juillet après avoir refermé le ­Pukkelpop en 2022.

Autant par refus de jouer la surenchère que par volonté d’affirmer une vraie identité, certains ­festivals essaient de se démarquer. Tout en relevant ses ambitions à la hausse, le Ronquières ­Festival est désormais le seul en Wallonie à jouer la carte du pop/rock mainstream et ça fonctionne au-delà de toutes les espérances. Les Solidarités ont décidé de mettre moins de noms à l’affiche mais jouent la carte de la qualité et de la convivialité. Dans leur philosophie, leurs valeurs, leur programmation et avec aussi un budget plus restreint, le LaSemo, Esperanzah!, le Micro Festival ou Couleur Café font tout pour éviter le piège de l’uniformisation. Ces prochaines semaines ­montreront si leurs efforts ont été récompensés.

Retrouvez notre dossier de la semaine Un été de décibels

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