Pierre de Maere : "Je déteste la perfection"

Cet été, le jeune dandy belge illumine les festivals de ses odes pop soyeuses. Après le LaSemo, on le verra aux Francofolies de Spa et à Ronquières.

Pierre de Maere
Pierre de Maere a une image et sur scène, une personnalité. © BelgaImage

Pierre de Maere est partout cet été. Le week-end dernier, il a été consacré avec Benjamin Biolay “grosse sensation du festival de la Côte d’Opale” par nos confrères de La Voix du Nord. Vingt-quatre heures plus tard, sa prestation sur la scène du Château au LaSemo, à Enghien, a fédéré un public familial - sa cible privilégiée. “Je veux toucher toutes les ­tranches d’âge. Les niches, les trucs branchouilles et confidentiels, ce n’est pas pour moi”, affirme celui qui, à ses débuts, disait sur sa page Facebook “Make me famous”. “Rends-moi célèbre”. Sur scène, Pierre de Maere invite petits, ados et ­adultes “au déraisonnable”. Voilà sa mission. “Un bon concert, c’est lorsque je parviens à créer un moment unique avec le public. Quand je quitte le podium, j’aime avoir le sentiment de m’être fait une nouvelle bande de copains et de copines. Je ne ­recherche pas le convenu et le formaté. Un soir, quelqu’un au premier rang m’offre un verre de cham­pagne et je le vide cul sec. Un autre, je joue la carte de la dérision, un autre, je me plante dans un refrain et je demande aux musiciens de recommencer. J’aime les accidents heureux. Chaque concert doit être mythique pour les gens qui viennent me voir.”

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Six mois se sont écoulés depuis la parution de son premier album “Regarde-moi”. À sa sortie, il évoquait avec Moustique le chemin parcouru en 2023. “Jusque-là, ma vie avait été d’un banal, profondément banal”, affirmait-il. Depuis, tout s’est accéléré. Un NRJ Award, la Victoire de la musique catégorie “Révélation masculine” remise par son idole ­Stromae (“Il m’a félicité et dit qu’il se marrait beaucoup avec sa femme en regardant mes interviews télé”), une tournée à rallonge, des clips colorés et des statis­tiques qui affolent les plateformes d’écoute. Son premier tube Un jour je marierai un ange, écrit comme tous les autres à quatre mains avec son frangin Xavier a été supplanté par Enfant de. Avec cette chanson, qui frôle les 7,7 millions de streams sur Spotify, Pierre rend hommage à ses parents et fait l’éloge des contraires qui finissent par se rassembler. “Je suis l’enfant du toréador et de la sainte Marie”, chante-t-il d’une voix qui évoque le Polnareff de Holidays.

Vulnérabilité et autodérision

Déclinant les thèmes de l’enfance, des coups de ­foudre qui débouchent sur le vide et de l’affirmation de soi, “Regarde-moi” va à l’essentiel. De la pop baroque qui ne s’encombre pas des codes et une syntaxe simple. “Les pseudo-poètes qui écrivent des mots de trente-cinq syllabes, ça m’emmerde.” On lui fait remarquer qu’on ne dit pas “Un jour je marierai un ange” mais bien “Un jour je me marierai avec un ange”. Il préfère retenir les réactions de ses fans. “Des ados désespérés m’ont dit s’y retrouver à fond. Une veuve m’a avoué que la chanson lui faisait penser à son mari décédé. Tout ça prouve que ce que je bricole dans ma chambre a une portée universelle. Chacun y picore pour y retrouver sa propre histoire.

Assister à un concert de Pierre de Maere permet aussi de mieux saisir la vraie personnalité du jeune homme de 21 ans. Élégant, dans le contrôle permanent de son image, mais aussi porté par le sens de l’autodérision et sensible. “Les hommes ont peur des sentiments”, confesse-t-il sur Les animaux, climax dancefloor du show qui tient alors de la communion hystérique. Si l’ambition de Pierre de Maere est encore assimilée par certains comme de l’arrogance, les barrières commencent à tomber. Les sceptiques de la première heure revoient leur jugement et les haters ne lui font même plus peur. “Pour envoyer tant de haine sur les réseaux sociaux, je me dis qu’il faut vraiment avoir raté sa vie. Et je n’ai pas envie d’être copain avec de gros losers.” Entre son sold out en décembre dernier à la salle La Madeleine et cette tournée estivale, le garçon a pris de l’assurance mais sait qu’il doit encore bosser. Sa voix n’est pas parfaite. “Je déteste la perfection. Ma voix est comme elle est. Je l’aime bien et je la trouve intéressante. Mais je dois la canaliser, la dompter. Ceci dit, faire des ­fausses notes ne doit pas faire partie de mon univers. J’ai beaucoup progressé là-dessus.

Le 22/7, Francofolies de Spa.
Le 5/8, Ronquières Festival.
Le 15/2, OM, Liège. 
Le 16/2, Le Manège, Mons.
Les 9 et 10/4, Cirque Royal, Bruxelles.

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